ZOLA (Émile), littérateur, né à Paris en 1840.
Il avait sept ans lorsqu’il perdit son père, ingénieur italien, qui fut chargé de construire en Provence le canal d’Aix, auquel on a donné son nom. M. Émile Zola fut envoyé à Paris pour y achever ses études. En quittant le lycée Saint-Louis, il obtint un emploi chez un libraire, et résolut de suivre la carrière des lettres.
À vingt-quatre ans, il débuta par un recueil de nouvelles, intitulé Contes à Ninon (1864). La Confession de Claude, qu’il publia l’année suivante (1865), commença à attirer sur lui l’attention. Depuis lors, indépendamment d’articles publiés dans Le Figaro, L’Évènement, La Vie parisienne, Le Petit Journal, La Tribune, Le Salut public, Le Corsaire, qu’un article de lui intitulé le Lendemain de la crise, fit supprimer en 1872, etc., l’on doit à M. Émile Zola des études et des romans qui l’ont mis au rang des écrivains les plus en vue de la génération nouvelle. Appartenant à l’école des écrivains réalistes, mais en même temps doué d’une imagination très vive, il se distingue, dit M. Sarcey, par un talent de description qui est vraiment prodigieux ; il met les choses sous nos yeux avec un rendu étonnant : relief, couleur, et jusqu’au plus petit détail, tout y est peint de façon à saisir l’imagination. Il possède une aptitude singulière à observer les menues circonstances de la vie bourgeoise et à montrer comment les caractères s’y marquent. Il se plaît dans les peintures excessives d’un réalisme brutal et grossier. Les types qu’il représente sont le plus souvent des grotesques ou des monstres dont l’aspect est trivial et répulsif. Il s’attache avec une ténacité singulière au détail cru et avilissant. Aussi la lecture de ses ouvrages laisse-t-elle presque toujours une impression pénible. Toutefois M. Zola a, malgré ses partis pris, un talent très réel et, si son style est parfois maniéré, il est le plus souvent plein de relief, de vigueur et de coloris. Outre les ouvrages précités, on lui doit : Le Vœu d’une morte (1866) ; Mes haines, causeries littéraires et artistiques (1866) ; Les Mystères de Marseille (1867) ; Manet (1867), étude biographique ; Thérèse Raquin (1867), roman qui a fait beaucoup de bruit et auquel nous avons consacré un article spécial ; Madeleine Férat (1868).
Sous ce titre : Les Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire, M. Émile Zola a publié une série de romans dans lesquels on voit reparaître les mêmes personnages et où l’on trouve une peinture satirique des moeurs sous l’Empire. Cette série fort remarquable, dans laquelle on trouve les défauts et les qualités de l’auteur, comprend jusqu’ici six volumes : La Fortune des Rougon (1871) ; La Curée (1874) ; La Conquête de Plassans (1874) ; Le Ventre de Paris (1875) ; La Faute de l’abbé Mouret (1875) ; Son Excellence Eugène Rougon (1876).
Enfin M. Zola a donné au théâtre deux pièces qui n’ont pas eu de succès : Thérèse Raquin, drame en quatre actes, joué à la Renaissance en 1873, et Les Héritiers Rabourdin, comédie humoristique, représentée au théâtre Cluny en 1874.
Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel, 1876.
ZOLA (Émile), littérateur, né à Paris, en 1840.
Émile Zola a poursuivi la publication de la remarquable série de romans intitulée les Rougon-Macquart, dont nous avions dû nous contenter de dire un mot, dans le dernier tome du Grand Dictionnaire, et qu’on peut aujourd’hui apprécier, sinon dans son ensemble, puisque l’auteur paraît vouloir la continuer indéfiniment, au moins dans sa portée.
Cette série se compose actuellement (juillet 1878) de huit volumes : La Fortune des Rougon ; La Curée ; Le Ventre de Paris ; La Conquête de Plassans ; La Faute de l’abbé Mouret ; Son Excellence Eugène Rougon ; L’Assommoir ; Une page d’amour.
L’avant-dernier, L’Assommoir, a eu une vogue prodigieuse, due surtout aux crudités dont il est rempli, et nous lui avons consacré un article spécial dans ce Supplément ; les autres ont peut-être une plus grande valeur artistique et littéraire. Le fil qui relie l’un à l’autre tous ces romans est assez fragile, quoique, dans le plan primitif de l’auteur, ce dût être la chose importante. « Je veux expliquer, dit-il au début de La Fortune des Rougon, comment une famille, un petit groupe d’êtres se comporte dans une société en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent au premier coup d’œil assez dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois comme la pesanteur. Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit méthodiquement d’un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j’aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l’œuvre, comme acteur d’une époque historique ; je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts ; j’analyserai à la fois la volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l’ensemble. Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d’étudier, ont pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. Physiologiquement, ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race à la suite d’une première lésion organique et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices. : Historiquement, ils partent du peuple ; ils s’irradient dans toute la société contemporaine, ils montent a toutes les situations, par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en marche a travers le corps social, et ils racontent ainsi le second Empire, à l’aide de leurs drames individuels, du guet-apens du coup d’État à la trahison de Sedan. »
Certes, ce plan ne manque pas de grandeur ; mais, outre que la donnée scientifique de l’hérédité est encore à formuler, il est fort probable que, si M. Zola avait donné à toutes les parties de son œuvre la rigueur d’une démonstration, il aurait été fort ennuyeux. Heureusement pour lui, ces prémisses une fois posées, il ne s’en est pas inquiété outre mesure. La lésion organique choisie par lui, l’appétit immodéré des jouissances, a d’ailleurs un caractère général qui lui a permis de peindre toutes les passions, sans avoir l’air de sortir du cadre qu’il s’était tracé. Qu’importe au lecteur que les parents des personnages mis en scène par M. Zola végètent quelque part dans les cabanons de fous ? C’est à ces personnages seuls qu’on s’intéresse, ce sont eux que l’on veut voir vivre dans la société contemporaine, sans rechercher si telle ou telle de leurs actions est la suite de la fameuse lésion organique dont ils ont reçu un tiers, un quart ou un dixième, en qualité de neveux ou de cousins,
Zola trahissait beaucoup mieux ses propres aspirations lorsqu’il s’écriait, dans la préface des Contes à Ninon : « Je n’ai rien fait encore, j’ai des besoins cuisants de réalité. Je pleure sur cette montagne de papier noirci ! Je me désole à penser que je n’ai pu étancher ma soif du vrai, que la grande nature échappe à mes bras trop courts. C’est l’âpre désir : prendre la terre, la posséder dans une étreinte, tout voir, tout savoir, tout dire. Je voudrais coucher l’humanité sur une page blanche, tous les êtres, toutes les choses, une œuvre qui serait l’arche immense. »
Zola, dans les Rougon-Macquart a commencé a réaliser une bonne partie de ce rêve ; s’il n’a pas encore peint toute la nature et l’humanité tout entière, on peut dire qu’il est en bon chemin et qu’il nous en a déjà donné une grande quantité de curieux échantillons, parmi lesquels il ne manque guère que celui de l’homme vertueux, car c’est bien le pêle-mêle le plus pittoresque d’intrigants, d’ambitieux, de débauchés, de coquins et de drôlesses qu’on puisse s’imaginer.
Dans le premier volume, l’auteur déroule laborieusement la généalogie des Rougon, alliés aux Macquart, humble famille de petite ville qui, tout d’un coup, pour avoir bien flairé d’où venait le vent et, après avoir été républicaine, s’être retournée du côté du héros de décembre, parvient à jouer un rôle à Plassans, petite sous-préfecture du Midi, et arrive aux honneurs par toutes sortes de bassesses et d’intrigues. Ces détails préliminaires assez arides sont heureusement encadrés dans un récit du coup d’État en province et dans une idylle d’une grande fraîcheur, les amours de Miette et de Silvère, deux Rougon-Macquart qui pensent beaucoup plus à renouveler Daphnis et Chloé qu’à la fameuse lésion organique.
La Curée nous amène à Paris, à la suite d’un Rougon qui, ayant mal tourné son moulin en province, arrive en habits râpés, maigre comme un clou, en proie à l’appétit formidable de jouissances que développe la susdite lésion, et qui fait d’abord un riche mariage, en acceptant la main et la dot d’une fille-mère, puis une fortune colossale dans ces expropriations qui furent la fièvre du second Empire. Il y a dans ce volume une foule de tableaux parisiens très réussis : le tour du lac, au bois de Boulogne ; les boulevards à minuit, un souper dans un café à la mode, un bal de parvenus, etc. C’est un des meilleurs de la série.
Un Rougon vient de s’établir charcutier, avec sa charcutière, dans les environs des Halles ; c’est le sujet du Ventre de Paris, dont l’action se passe tout entière aux Halles et se résout en une suite de symphonies bizarres, symphonie des victuailles étalées chez le charcutier et aux éventaires, symphonie du poisson, symphonie des légumes, jusqu’à la fameuse symphonie des fromages, dont les odeurs forment des chœurs, des solos et des duos, dans la boutique d’un Rougon déshérité de la fortune.
La Conquête de Plassans est une œuvre dans le goût de Balzac. Le héros est un terrible prêtre, l’abbé Faujas, qui, étayé de sa sœur, une sèche et rigide matrone, entreprend de s’installer chez les Mouret (des Rougon dégénérés), de les dominer et de devenir le maître de la petite ville où il est arrivé en pauvre honteux. C’est un roman solide, dont chaque figure est réelle et vivante.
La Faute de l’abbé Mouret n’est, à côté, qu’une débauche d’imagination. Le fils du Mouret qui figure dans le précédent volume, être faible et maladif, s’est fait prêtre ; il est induit en tentation par une sorte de pauvresse qui habite un parc abandonné depuis des siècles et comme il n’en existe nulle part.
Le sixième volume, Son Excellence Eugène Rougon, transporte de nouveau la scène à Paris ; c’est un roman politique, dont les principaux personnages sont Eugène Rougon, ministre d’État, et le comte de Marsy, tous deux intimes conseillers de l’empereur Napoléon III et toujours en lutte d’influence. Une aventurière italienne, qui fait et défait les cabinets, est le type le plus réussi de l’ouvrage.
L’Assommoir et Une page d’amour, idylle qui fait avec L’Assommoir un contraste profond, complètent pour le moment cette série, qui n’est pas d’un écrivain ordinaire et qui vaudra à M. Zola une belle place parmi les romanciers du XIXe siècle.
Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel, premier supplément, 1877. mile Zola a poursuivi la publication de la remarquable série de romans intitulée les Rougon-Macquart, dont nous avions dû nous contenter de dire un mot, dans le dernier tome du Grand Dictionnaire, et qu’on peut aujourd’hui apprécier, sinon dans son ensemble, puisque l’auteur paraît vouloir la continuer indéfiniment, au moins dans sa portée.
Cette série se compose actuellement (juillet 1878) de huit volumes : La Fortune des Rougon ; La Curée ; Le Ventre de Paris ; La Conquête de Plassans ; La Faute de l’abbé Mouret ; Son Excellence Eugène Rougon ; L’Assommoir ; Une page d’amour.
L’avant-dernier, L’Assommoir, a eu une vogue prodigieuse, due surtout aux crudités dont il est rempli, et nous lui avons consacré un article spécial dans ce Supplément ; les autres ont peut-être une plus grande valeur artistique et littéraire. Le fil qui relie l’un à l’autre tous ces romans est assez fragile, quoique, dans le plan primitif de l’auteur, ce dût être la chose importante. « Je veux expliquer, dit-il au début de La Fortune des Rougon, comment une famille, un petit groupe d’êtres se comporte dans une société en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent au premier coup d’œil assez dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois comme la pesanteur. Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit méthodiquement d’un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j’aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l’œuvre, comme acteur d’une époque historique ; je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts ; j’analyserai à la fois la volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l’ensemble. Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d’étudier, ont pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. Physiologiquement, ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race à la suite d’une première lésion organique et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices. : Historiquement, ils partent du peuple ; ils s’irradient dans toute la société contemporaine, ils montent a toutes les situations, par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en marche a travers le corps social, et ils racontent ainsi le second Empire, à l’aide de leurs drames individuels, du guet-apens du coup d’État à la trahison de Sedan. »
Certes, ce plan ne manque pas de grandeur ; mais, outre que la donnée scientifique de l’hérédité est encore à formuler, il est fort probable que, si M. Zola avait donné à toutes les parties de son œuvre la rigueur d’une démonstration, il aurait été fort ennuyeux. Heureusement pour lui, ces prémisses une fois posées, il ne s’en est pas inquiété outre mesure. La lésion organique choisie par lui, l’appétit immodéré des jouissances, a d’ailleurs un caractère général qui lui a permis de peindre toutes les passions, sans avoir l’air de sortir du cadre qu’il s’était tracé. Qu’importe au lecteur que les parents des personnages mis en scène par M. Zola végètent quelque part dans les cabanons de fous ? C’est à ces personnages seuls qu’on s’intéresse, ce sont eux que l’on veut voir vivre dans la société contemporaine, sans rechercher si telle ou telle de leurs actions est la suite de la fameuse lésion organique dont ils ont reçu un tiers, un quart ou un dixième, en qualité de neveux ou de cousins.
Zola trahissait beaucoup mieux ses propres aspirations lorsqu’il s’écriait, dans la préface des Contes à Ninon : « Je n’ai rien fait encore, j’ai des besoins cuisants de réalité. Je pleure sur cette montagne de papier noirci ! Je me désole à penser que je n’ai pu étancher ma soif du vrai, que la grande nature échappe à mes bras trop courts. C’est l’âpre désir : prendre la terre, la posséder dans une étreinte, tout voir, tout savoir, tout dire. Je voudrais coucher l’humanité sur une page blanche, tous les êtres, toutes les choses, une œuvre qui serait l’arche immense. »
Zola, dans les Rougon-Macquart a commencé a réaliser une bonne partie de ce rêve ; s’il n’a pas encore peint toute la nature et l’humanité tout entière, on peut dire qu’il est en bon chemin et qu’il nous en a déjà donné une grande quantité de curieux échantillons, parmi lesquels il ne manque guère que celui de l’homme vertueux, car c’est bien le pêle-mêle le plus pittoresque d’intrigants, d’ambitieux, de débauchés, de coquins et de drôlesses qu’on puisse s’imaginer.
Dans le premier volume, l’auteur déroule laborieusement la généalogie des Rougon, alliés aux Macquart, humble famille de petite ville qui, tout d’un coup, pour avoir bien flairé d’où venait le vent et, après avoir été républicaine, s’être retournée du côté du héros de décembre, parvient à jouer un rôle à Plassans, petite sous-préfecture du Midi, et arrive aux honneurs par toutes sortes de bassesses et d’intrigues. Ces détails préliminaires assez arides sont heureusement encadrés dans un récit du coup d’État en province et dans une idylle d’une grande fraîcheur, les amours de Miette et de Silvère, deux Rougon-Macquart qui pensent beaucoup plus à renouveler Daphnis et Chloé qu’à la fameuse lésion organique.
La Curée nous amène à Paris, à la suite d’un Rougon qui, ayant mal tourné son moulin en province, arrive en habits râpés, maigre comme un clou, en proie à l’appétit formidable de jouissances que développe la susdite lésion, et qui fait d’abord un riche mariage, en acceptant la main et la dot d’une fille-mère, puis une fortune colossale dans ces expropriations qui furent la fièvre du second Empire. Il y a dans ce volume une foule de tableaux parisiens très réussis : le tour du lac, au bois de Boulogne ; les boulevards à minuit, un souper dans un café à la mode, un bal de parvenus, etc. C’est un des meilleurs de la série.
Un Rougon vient de s’établir charcutier, avec sa charcutière, dans les environs des Halles ; c’est le sujet du Ventre de Paris, dont l’action se passe tout entière aux Halles et se résout en une suite de symphonies bizarres, symphonie des victuailles étalées chez le charcutier et aux éventaires, symphonie du poisson, symphonie des légumes, jusqu’à la fameuse symphonie des fromages, dont les odeurs forment des chœurs, des solos et des duos, dans la boutique d’un Rougon déshérité de la fortune.
La Conquête de Plassans est une œuvre dans le goût de Balzac. Le héros est un terrible prêtre, l’abbé Faujas, qui, étayé de sa sœur, une sèche et rigide matrone, entreprend de s’installer chez les Mouret (des Rougon dégénérés), de les dominer et de devenir le maître de la petite ville où il est arrivé en pauvre honteux. C’est un roman solide, dont chaque figure est réelle et vivante.
La Faute de l’abbé Mouret n’est, à côté, qu’une débauche d’imagination. Le fils du Mouret qui figure dans le précédent volume, être faible et maladif, s’est fait prêtre ; il est induit en tentation par une sorte de pauvresse qui habite un parc abandonné depuis des siècles et comme il n’en existe nulle part.
Le sixième volume, Son Excellence Eugène Rougon, transporte de nouveau la scène à Paris ; c’est un roman politique, dont les principaux personnages sont Eugène Rougon, ministre d’État, et le comte de Marsy, tous deux intimes conseillers de l’empereur Napoléon III et toujours en lutte d’influence. Une aventurière italienne, qui fait et défait les cabinets, est le type le plus réussi de l’ouvrage.
L’Assommoir et Une page d’amour, idylle qui fait avec L’Assommoir un contraste profond, complètent pour le moment cette série, qui n’est pas d’un écrivain ordinaire et qui vaudra à M. Zola une belle place parmi les romanciers du XIXe siècle.
Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel, premier supplément, 1877.
ZOLA (Émile), romancier français, né à Paris en 1840.
Depuis 1878, il a publié, dans la série des Rougon-Macquart ou Histoire d’une famille sous le second Empire : Nana (1880), un de ses plus bruyants succès ; mais le tapage qui se fit autour de ce roman, paru d’abord en feuilleton, tenait plus au scandale produit par certaines pages qu’à leur mérite littéraire ; Pot-Bouille (1882), étude de moeurs bourgeoises plus fantaisistes que réelles ; Au Bonheur des dames (1883) ; La Joie de vivre (1884) ; Germinal (1885), roman d’une puissance rare, d’un intérêt poignant, un des mieux observés que l’auteur ait écrits ; L’Œuvre (1886), qui est loin d’avoir autant d’intérêt ; La Terre (1888), roman de moeurs rustiques très inférieur à Germinal ; Le Rêve (1888), gracieuse idylle, qui fait un violent contraste avec les précédents ouvrages, et La Bête humaine (1890), singulière analyse psychologique de détraqués, de maniaques homicides, mêlée à une peinture des chemins de fer. Nous avons consacré des analyses spéciales à la plupart de ces ouvrages, qui se classent parmi les plus remarquables de la période contemporaine.
Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel, deuxième supplément, 1890.