« Et voici le sens philosophique de tout le livre : [Hélène Mouret] nie la passion, elle s’en croit parfaitement à l’abri par sa raison et son calme, puis la passion la prend, la torture, et elle proclame la passion triomphante ; mais la passion s’en va et elle retombe à son grand calme. Seulement, elle y a laissé sa fille. »
Documents préparatoire d’Une page d’amour, NAF 10318, f° 472-473

Plan général

« Analyse d’une passion, faire général.
Un drame sous la chair.
Style large, simple, magistral et pur.
Beaux caractères, superbes et honnêtes.
Deux êtres parfaitement bons et honnêtes qui se prennent peu à peu d’une passion furieuse.
Passion, amour, calvaire. »
Documents préparatoire d’Une page d’amour, NAF 10318, f° 417

Ébauche

« J’ai l’idée de faire un beau et large roman, de dix feuilles, avec cinq ou six personnages au plus, de façon à pouvoir étudier en pied et complètement ces personnages. Je veux les mettre dans un beau décor, simple et toujours le même, avec cinq ou six grands effets de paysage, revenant comme un chant, toujours le même. Je veux que le style soit large, simple, magistral et pur. – Enfin, je veux que le personnage central, mon Agathe, soit un beau caractère de femme, superbe et honnête. Un roman d’honneur.

Voici ce que je désirerais comme sujet. Une passion. De quoi se compose une grande passion. Naissance de la passion, comment elle croît, quels effets elle amène dans l’homme et dans la femme, ses péripéties, enfin comment elle finit.

En un mot, étudier la passion, ce que je n’ai pas encore fait, mais l’étudier comme personne ne l’a encore fait, l’analyser de tout près, la toucher du doigt et la montrer. Faire l’histoire générale de l’amour en notre temps, sans mensonge de poète, sans parti pris de réaliste. Étudier dans le ménage ces trois figures : la femme, l’amant, le mari, l’enfant. À peine deux autres personnages secondaires. Tout le mérite devrait être dans le côté général de l’œuvre. Il faudrait que tout le monde s’y reconnût. […]

Mon sujet devient celui-ci : Passion, c’est-à-dire le coup de la passion dans une nature honnête et un peu froide ; la passion dans le sens de la souffrance, les quelques joies aigues et les déchirements profonds ; un calvaire. […]

Tout le livre doit se passer sans éclat, sous la chair, une furieuse lutte à l’intérieur et la surface calme, polie, comme dans la vie de tous les jours. »

Documents préparatoires d’Une page d’amour, NAF 10318, f° 491-492, 503, 505.

Plan détaillé

« Le roman se passe en 1853, Hélène a 32 ans.

1ère partie

I. Hélène voyant sa petite évanouie et courant chercher un médecin. La nuit. Le logement sommairement décrit. La chambre tout à fait. Explication.

II. Visite chez le médecin. La femme, l’amant, les enfants. Le saloon. Détail sur Hélène (par les bonnes). Appartement du médecin.

III. Février. Un épisode très grand. Éveil de l’amour chez mes héros. Charité, épisode où Hélène conduit sa fille chez une pauvresse. L’abbé, le médecin mêlé à cela.

IV. L’accident. Hélène ne voulant pas que le médecin la touche. La femme du médecin. Dans le jardin avec les enfants qui jouent. Description du jardin bourgeois.

V. Hélène devant le paysage de Paris. 1ère description. Avec sa fille qui la questionne sur Paris. Une matinée de soleil, toute blonde.

2ème partie. Seconde quinzaine de mars.

I. L’idylle entre le petit soldat et la bonne. La cuisine, décrite, sur les arbres.

II La lecture des romans. La demande en mariage du vieil ami. Un dîner chez Hélène. L’abbé, le vieil ami. Sur la passion. La salle à manger.

III. Un chapitre pour les montrer s’aimant sans se le dire. Le tourlourou passe. Le médecin apprend la demande de l’ami. Jalousie. Dans le jardin.

IV. Le bal d’enfants. L’aveu du médecin.

V. Hélène devant la fenêtre. 2ème Une après-midi de mi-carême, rouge et or avec quelques nuages. La petite à la fin, montant, costumée.

3ème partie. D’avril à octobre.

I. Une scène à l’église. Hélène devenant dévote. Une fête religieuse, bourgeoise, un sermon, œuvre, patronnesse, une bonne femme du médecin. Des petits faits qui calment Hélène et qui préparent la passion. L’abbé. La pauvresse.

II. La petite malade. Elle aime le médecin alors. Le tourlourou. Elle rapproche les amants. Quand ils la croient hors de danger, ils s’aiment autour d’elle. Un peu de danger tout le temps. L’amitié, le déguisement de l’amour.

III. D’avril à octobre. La petite malade, contrepartie. Elle est jalouse du médecin. Elle sépare les amants. L’amour furieux et grandissant. Une scène, la petite voyant sa mère et le médecin, la nuit.

IV. Dans le jardin. Hélène, qui sort d’être aimée, voit la femme du médecin. Ses remords. Sa gêne. Puis elle surprend la femme. La nuit tombe, un mot seulement et un serrement de main de la femme.

V. À la fenêtre. Hélène et l’abbé. Confession. Le vieil ami arrive. Paris la nuit.

4ème partie. Octobre.

I. Une soirée chez le médecin. Le bouquet. Hélène jugent la trahison de la femme du médecin. Le mari, la femme et l’amant. Jalousie d’Hélène, quand elle laisse le mari et la femme.

II. Hélène chez elle, sa lutte. La lettre écrite et envoyée. L’abbé peut venir. Le tourlourou. La pauvresse arrive, ou Hélène va chez elle.

III. La femme et l’amant dans la petite maison. Hélène arrive.

IV. Hélène et le docteur ensemble.

V. La petite malade à la fenêtre. Toute seule. Un crépuscule. Paris gris et boueux, de la pluie. Navré.

5ème partie. Novembre

I. Rentrée d’Hélène. L’enfant couché. La bonne et le tourlourou.

II. Dans le jardin. Le pavillon avec le jardin plein de neige. L’abbé venant là. Tous les personnages.

III. Les soins, l’agonie et la mort de la petite. La pauvresse.

IV. L’enterrement de la petite. L’abbé. Le tourlourou.

V. Deux ans après. Dernière description de Paris. L’hiver par un froid sec, avec un filet de neige. Temps clair. Pas de verdure. La Seine charriant. »

Documents préparatoires d’Une page d’amour. NAF 10318, f° 418-419.

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