Plan définitif
« Accepter la vie, telle qu’elle est, dans sa force. L’éternel espoir.
L’argent tel qu’il est, sans l’attaquer ni le défendre.
Une fin de société. D’un bout à l’autre, le craquement, l’effondrement prochain. »
Documents préparatoires de l’Argent, NAF 10268, f° 219.
Ébauche
« Je voudrais, dans ce roman, ne pas conclure au dégoût de la vie (pessimisme). La vie telle qu’elle est, mais acceptée, malgré tout, pour l’amour d’elle-même, dans sa force. Ce que je voudrais, en somme, qu’il sortit de toute une série des Rougon-Macquart.
Je traiterai ce roman d’une façon très simple, sans recherche littéraire, le plus possible sans description, d’un trait et vivant. Un peu ce que j’ai fait dans Pot-Bouille, moins ironique. – Je voudrais bien aussi y mettre un ou deux personnages comiques, des scènes bien portantes et drôles.
Sur l’argent, sans l’attaquer, sans le défendre. Ne pas opposer ce qu’on appelle notre siècle d’argent à ce qu’on appelle les siècles d’honneur (ceux d’autrefois). Montrer que l’argent est devenu pour beaucoup la dignité de la vie, et est l’hygiène, la propreté, la santé, presque l’intelligence. Opposer la classe aisée à la classe pauvre. Puis, la force irrésistible de l’argent, un levier qui soulève le monde. Il n’y a que l’amour et l’argent.
Je serais ainsi forcé d’en venir à la question sociale, car en somme elle se résume presque toute entière dans la question de la richesse. Ceux qui ont et ceux qui n’ont pas. Deux familles opposées peut-être, ou dans la même famille, deux branches, l’une très riche, l’autre très pauvre, et à ce que cela mène dans les habitudes, les façons d’être, le côté physique, l’intelligence même : aux deux extrémités. Je pourrais prendre cela dans les Rougon (?). D’autre part, comme je n’ai pas de noble dans ma série, j’aimerais assez mettre le désastre dans une famille de très ancienne noblesse, très digne, très fière, et qu’un Krach achèverait de réduire à la mendicité.
En fin, ne pas oublier que la question juive va se trouver au fond de mon sujet ; car je ne peux toucher à l’argent sans évoquer tout le rôle des juifs autrefois et aujourd’hui. J’aurai donc le triomphe du juif sur la noblesse, le juif méprisé autrefois se trouvant en haut ; tandis que le noble, si haut, se trouve en bas. Mais je voudrais mon homme fort arrivant et nettoyant le juif, ou plus fort que lui, ou quelque chose enfin qui montre la force de l’argent par dessus même cette question des juifs, qui rapetisse tout selon moi.
Je crois que ce que je préférerais, ce serait un homme de peu, employé chez un banquier juif, y faisant son éducation, s’établissant banquier à son tour, faisant une affaire colossale, avec une idée de génie, s’élevant plus haut que son patron (ou associé), planant un instant sur Paris, conquérant tout. De là, le triomphe sur l’élément juif (dont je chercherai le défaut, et dont je ferai une étude en raccourci) […]
Enfin, je m’étais promis de donner un coin au journal, car je n’ai pas encore le journal dans ma série, et d’autre part, l’argent aujourd’hui ne va pas sans le journal. Il faudrait donc à un moment que mon personnage central achetât un journal. […]
Je ne vois pas où serait mon personnage comique, une figure pittoresque au moins. À chercher. »
Documents préparatoires de L’Argent, NAF 10268 f° 378-383.
Plan
I. Mai 64. Autour de la Bourse. Chez Champeaux. Personnel posé. Busch et la Méchain. Sigismond.
II. 64. Chez Saccard. Tout le passé. La princesse d’Orviedo. Les Beauvilliers. Les Hamelin. Mme Caroline.
III. 64. Saccard court pour le syndicat. Chez Mazaud. Gundermann, Daigremont, Kolb.
IV. 64. Saccard reçoit chez lui. Les actionnaires. Les Beauvilliers. Dejoie. Société constituée. 1ère assemblée.
V. 65. Dans l’installation de la banque, Busch parle de Victor à Mme Caroline. À la Cité. Chez Maxime. À l’œuvre
VI. 66. Dans le journal. Jantrou et la Sandorff. Jordan, Marcelle et les Maugendre. Dejoie. Le coup de Sadowa.
VII. 66. Saccard et la Sandorff surpris par Delcambre. Jalousie de Mme Caroline. Maxime dit qui est Saccard. Tempête et joie.
VIII. 67. L’apogée de Saccard. L’exposition. L’assemblée où le capital porté à 150 millions. Nouvelle installation.
IX. 67. Les valeurs montent. Mais tout menace. Busch appelle Saccard pour Victor. Journal revient. La Sandorff. Jantrou.
X. 68. La quinzaine. La Bourse. Waterloo. Tout le personnel.
XI. 68. Le désastre. Mazaud suicidé. Les Beauvilliers, Dejoie, Maugendre ruinés. Flory en prison.
XII. 69. Fin. Victor et Alice. Les Beauvilliers. Saccard à la Conciergerie. Madame Caroline. Le besoin de vivre.
Documents préparatoires de L’Argent, NAF 10268 f° 1.