« Mon prochain roman a pour titre La Joie de vivre, et il combat le pessimisme. C’est un drame de passion pure, et d’une honnêteté stricte ; de plus très intéressant, j’espère, tout d’humanité. »
Lettre à Hugo Wittmann, 22 mars 1883.
« Je me suis jeté dans le travail avec mon tremblement habituel, et je crains d’avoir perdu jusqu’à mon orthographe. J’ai grand peur d’être bien « coco » cette fois. »
Lettre à Alphonse Daudet, 20 mai 1883.
« Mon roman va sans secousse, ce qui est le bonheur. »
Lettre à Henry Céard, 8 juin 1883.
« Je suis déjà au premier tiers de mon prochain roman, qui est intitulé La Joie de vivre, et qui étudie le pessimisme. »
Lettre à Jan ten Brink, 30 juin 1883.
« L’œuvre, sous le rapport de la moralité, n’offrira aucun danger. Il s’agit de l’histoire fort louable d’une jeune fille qui se dévoue pour les siens et leur donne tout, son argent et son cœur. »
Lettre à Albert Bonnier, 25 septembre 1883.
« La Joie de vivre est un drame intime qui se passe entre cinq ou six personnes, dans un petit village du bord de la Manche. C’est une œuvre de psychologie pure et de passion. Aucune description ne ralentit la marche du drame. Il s’agit d’une enfant, qui tombe, à neuf ans, chez un oncle, son tuteur, avec une petite fortune ; et toute l’histoire est la vie de cette enfant, devenue jeune fille, toujours blessée et toujours victorieuse dans le combat de la vie. Elle est le dévouement, la bonté qui soulage la douleur. On lui prend son argent, on lui prend le cœur du cousin qu’elle doit épouser, et c’est elle qui achève de se dépouiller, c’est elle qui marie son cousin à une autre femme qu’il aime. La joie de vivre, c’est le sacrifice, c’est de vivre pour les autres. »
Lettre à un destinataire inconnu, 26 [septembre] 1883.
« Le plan de La Joie de vivre a été arrêté avant celui de Au Bonheur des Dames. Je l’ai laissé de côté parce que je voulais mettre dans l’œuvre beaucoup de moi et des miens, et que sous le coup récent de la perte de ma mère, je ne me sentais pas le courage de l’écrire. »
Lettre à Edmond de Goncourt, 15 décembre 1883.
« Je connais la côte normande, de Lion-sur-Mer à Cherbourg, pour avoir passé des étés dans plusieurs stations, notamment à Saint-Aubin, en 75, et à Grand-Camp en 81. Je suis allé en voiture de village en village, et je puis même vous dire que Bonneville n’est autre que Vierville, entre Port-en-Bessin et Grand-Camp, un Vierville arrangé. – Le plus souvent, je crée ainsi le hameau dont j’ai besoin, en gardant les villes voisines telles qu’elles existent. Cela me donne plus de liberté pour mes personnages. […] Coqueville et Grand-Port sont inventés. »
Lettre à Jacques van Santen Kolff, 7 juillet 1887.
« La Joie de vivre n’a pas été commencée après Nana, je veux dire que pas une page n’en était écrite. J’avais simplement réuni des documents, et je songeais à cet épisode de ma série, lorsque la mort de ma mère me le fit reculer. – Non, je n’ai aucun souvenir précis sur la façon dont j’ai trouvé le titre. Je sais seulement que je voulais d’abord un titre direct comme Le Mal de vivre, et que l’ironie de La Joie de vivre me fit préférer ce dernier. – Si j’ai choisi le hameau de pêcheurs comme cadre, avec la vaste mer en face, cela doit être poussé par la logique, qui me fait toujours discuter et arrêter le milieu. […] J’ai longtemps eu l’idée d’écrire un poème en prose sur la Douleur. Ce sont les débris de ce poème qui se trouvent dans La Joie de vivre, notamment dans la symphonie de Lazare. Je crois qu’en élargissant le sujet un grand musicien trouverait là un motif admirable. »
Lettre à Jacques van Santen Kolff, 6 mars 1889.