Plan
« La lutte du capital et du travail.
Coup d’épaule à la société qui craque, la question la plus importante pour le XXe siècle.
La révolution par la faim. Les Maheu. »
Documents préparatoires de Germinal, NAF10307, f° 1.
Ébauche
« Le roman est le soulèvement des salariés, le coup d’épaule donné à la société, qui craque un instant ; en un mot la lutte du capital et du travail. C’est là qu’est l’importance du livre, je le veux prédisant l’avenir, posant la question qui sera la question la plus importante du XXe siècle.
Donc, pour établir cette lutte, qui est mon nœud, il faut que je montre d’une part le travail, les houilleurs dans la mine, et de l’autre le capital, la direction, le patron, enfin ce qui est à la tête. […]
Pour obtenir un gros effet, il faut que les oppositions soient nettes et poussées au summum de l’intensité possible. – Donc d’abord, toutes les misères, toutes les fatalités qui pèsent sur les houilleurs. – Cela par des faits, sans plaidoyer. – Il faut le montrer écrasé, mangeant mal, victime de l’ignorance, souffrant dans ses enfants, au fond d’un véritable enfer ; et sans persécution pourtant, sans méchanceté voulue des patrons, uniquement écrasé par la situation sociale elle-même. – Au contraire, faire les patrons humains jusqu’à leurs intérêts ; ne pas tomber dans la revendication bête. L’ouvrier victime des faits, du capital, de la concurrence, des crises du marché (donc comme cadre de cette première partie, une crise industrielle, à étudier). – Puis, lorsque la grève éclate, explosion, d’autant plus violente, que la misère, la souffrance a été plus grande ; et là aussi pousser au dernier degré possible de la violence. Les ouvriers lâchés vont jusqu’au crime ; il faut que le lecteur bourgeois ait un frisson de terreur. »
Documents préparatoires de Germinal, NAF10307, f°402, 420-421
Plan détaillé
Première partie.
Premiers jours de mars 66. – Un lundi.
– Arrivée d’Étienne. Conversation avec le vieil ouvrier. Celui-ci entièrement posé. Toute son histoire et celle de la mine. Les accidents. Le dieu capital au fond inconnu. Description de la fosse la nuit. Poser l’internationaliste.
– Chez mon mineur. Coron s’éveillant. Ceux qui se lèvent, ceux qui restent. La maison, toute la famille. Misère, mécontentement. Poser déjà ce que la femme doit aller faire au commencement de la 2ème partie. Crédit posé.
– Arrivée des ouvriers au puits. Mon second mineur posé. Description des bâtiments. Embauchage d’Étienne. Le chef porion, le porion. Le chef de carreau (poser le caractère de mon 1er mineur)
– Descente. Le moulineur, puis le chargeur à l’accrochage posés. Puits, galerie. Commencement du travail. Le cheval. La taille, etc.
– Déjeuner. Conversation d’Étienne et de Catherine qui partage son briquet. – Antoine posé, embrassant. – Ma grosse fille. Les hercheuses, etc. – Le cheval.
– Reprise du travail. Un épisode. Boisage. Mon ingénieur posé. Porion et chef porion. Mes piqueurs à la veine, et mes autres ouvriers posés, galibots, etc. Discussion, cause de la grève. La grève gronde au fond.
– Sortie. Le chargeur à l’accrochage. La cribleuse qu’épousera le frère de Catherine. Causerie. Le moulineur. Les bâtiments et le paysage revus de jour. Le cabaret de l’internationaliste. Le vieil ouvrier repris. Le dieu capital revenant, inconnu. La grève gronde. – Cabaret, scène tranquille. – Entrée des ouvriers à la coupe à terre, mon 2ème mineur, le boweteur ou coupe à terre, le raccommodeur échangeant quelques mots avec mon 1er mineur.
Deuxième partie.
Premiers jours de mars 66. – Un lundi.
– Poser les actionnaires et le patron. Histoire de la famille, le patron venant exposer sa situation inquiétante. Emprunt refusé ou accordé. Description de la propriété. La femme de mon premier mineur arrivant.
– Lever du reste de la maison dans le coron. Commencement de la journée. La femme laissant les enfants à son père. Visite aux actionnaires, ce qu’elle va y faire, dons de quelque chose ou travail. Passe en revenant chez le fournisseur, dette d’une ancienne grève.
– La journée dans le coron. Café, cancans chez la seconde mineuse puis chez la 3ème. Toutes les familles posées, les intrigues, le chef porion, mariage projeté, etc. Misère partout. Finir par la femme du directeur. Fait visiter à 2 parisiens, un ménage. Entrant. Cancans sur elle et sur l’ingénieur. Hennebeau aperçu.
– Fin de la journée d’un mineur. Lavage, rapports. La soupe devant les enfants. À côté bataille pour soupe pas prête. Puis ce que devient la famille jusqu’au soir. Jeanlin et les enfants. Les filles et les garçons. Les deux vieux qui causent. La grosse fille, etc.
– Étienne apercevant Catherine prise par Chaval. Le coron couché, fin de la journée.
Troisième partie.
Mars à mai.
– Les jours qui suivent. Horreurs au fond, la grosse fille, etc. Porion couchant avec Catherine. Dans la mine. Étienne jugeant tout cela, les abus. Et rapidement, montrer son intelligence. Herscheur puis piqueur. Et la scène où il retrouve le nihiliste chez Rasseneur. Marier d’abord Zacharie. Poser toute la partie sociale, les trois types. Il est question de Pluchart.
Juillet à novembre.
– Étienne chez les Maheu. Études du soir. Doute, lutte. La société de secours créée. Le coron revenant. Affinement d’Étienne. Les bottes, argent gagné. Idée de la grève pointant déjà. Poser tout Étienne social. Influence sur ses camarades grandissant.
Juin.
– Une ducasse, les pinsons, servant de cadre à montrer l’influence d’Étienne. Le bal, où Zacharie et sa femme se trouvent avec Catherine et Chaval. La famille allant retrouver le père. Dimanche, tournées, les ivres, les sages. Le lapin mangé. C’est là que se fait l’affaire du logeur. Étienne habitera chez les Maheu. L’affaire de la caisse de secours posée.
Novembre.
– Préparer la grève chez Rasseneur. Motif de mécontentement. Une paie désastreuse. Où elle se fait, les noces qui suivent. Le coron le soir, plainte des femmes. Le porion surpris avec la femme. Le vieil ouvrier. Les bonnes du directeur allant au marché en voiture. Le porion, tous les ouvriers.
Novembre, fin.
– Dans la mine. Accident de Jeanlin, un homme tué avec lui. Retour dans le coron. Le médecin. Le soi, Antoine enlevant Catherine et la maison ensuite. Étienne était sur le point de se coucher.
Quatrième partie
Premiers jours de décembre.
– Dîner chez le directeur avec les actionnaires et leur fille, pour le mariage de celle-ci avec l’ingénieur. Toute l’histoire du directeur. Sa femme, le neveu. On pose que la grève a éclaté justement, et on se cache. On parle du patron, chez qui le travail continue.
– Les délégués reçus. Toute la grève posée, les bons soins de la Cie, les réclamations des ouvriers. C’est mon mineur qui parle, très sagement, allusion à l’internationaliste, le directeur se disant salarié. Le dieu capital au fond, inconnu, terrible. Motifs de la grève bien exposés, caisse de secours. – Fin du dîner, les actionnaires s’échappant, accompagnés par l’ingénieur.
– Dans le coron, très calme. Le vieil ouvrier et le raccommodeur. Tous mes ouvriers visités. Les hommes, les filles, les enfants. Tout a été lavé. Le puis arrêté, mort, seule machine d’épuisement. Ma femme très calme, bons conseils. Je voudrais qu’Étienne ait un rôle, une visite de Catherine, venant apporter quelque chose, elle qui travaille. Grande scène, pour éviter la répétition avec le 5. – Antoine arrivant, gifle, menace entre lui et Étienne. Tous mes ouvriers. Gêne, mais pas misère.
– La réunion publique dans la salle du bal. L’internationaliste chef de la grève. L’homme de Lille qui vient faire un discours. Le dieu capital. Tous mes mineurs. Les autres discours. Mon nihiliste et Étienne, causerie à la sortie, proposition de tout faire sauter. – Continuation votée, secours promis, souscription, etc. Le patron peut y être ou de ses ouvriers. Antoine pas en scène. Nouvelle entrevue avec le directeur.
– On s’entête. La souffrance du capital, fosse endommagée. Mais surtout misère croissant dans le coron. Le bon porion / le chef porion menacé, pris avec une femme. Charbon supprimé. Froid terrible. Le refus de crédit, scène centrale. Le petit commerce en lutte et refusant. Ma femme s’échauffant, analyse. Les têtes se perdant. Mes actionnaires apportant des secours (?). – Retour dans le coron, les enfants demandent du pain.
Décembre.
– Jeanlin et le vieux puits. Étienne s’est mis avec la grosse fille. Étienne et Catherine peut-être. Un chapitre de fantaisie. Et le jeu de la crosse, entre deux grands, son frère et un mineur, le moulineur, qui s’en fout. Jeanlin courant avec eux. La propriété des actionnaires. Ils peuvent voir, terreur.
Fin décembre.
– La réunion dans le bois, rien que des mineurs, au milieu de laquelle ils tombent. Jeanlin s’y grise (on meurtre). Le vieil ouvrier, épisode. Le dieu capital. Réunion très violente, la violence résolue. On arrêtera le travail. Le mouchard. Antoine poussera chez le patron. Ouvriers du patron. Montrer l’ingénieur, c’est là que reparaissent les actions.
Cinquième partie
Janvier.
– Chez le patron. Ruiné si on arrête le travail. Poser toute sa situation, sa famille, etc. Brièvement. Les précautions militaires. Antoine ramené par le patron et descendant avec Catherine. La grande mine l’écrase, concurrence. Description du puits, plus petite installation. Amener les actionnaire peut-être (?)
– Un travail au fond, qui me donne la mine. Catherine et Antoine au fond. Trouver la scène. Jusqu’aux câbles coupés. Ils remontent par les échelles.
– L’arrivée de la bande. Feux éteints, câbles coupés. Tumulte. Des femmes y sont, des enfants. Ma 1ère mineuse. Ma grosse fille – tous. Les ouvriers qui remontent par les échelles, hués. Quand Catherine paraît, sa mère (est-elle enceinte). Son père est là. Antoine traité de traître.
– La bande à travers champs. De puits en puits. Antoine qu’on promène. Antoine s’est joint à la bande (plus tard s’excusera, pour surveiller). Ingénieur rencontré, Antoine délivré va chercher les gendarmes. Terreur du pays.
– La maison du directeur attaquée, justement comme actionnaires y sont. Étienne et mon nihiliste. L’internationale. Attaque, siège, terreur des femmes. Les deux actionnaires attendant la fille qui est dehors avec gouvernante. – Tous mes mineurs, mon internationaliste.
– Épisode de la fille, arrivant. Les femmes, la vieille surtout, l’insultant (ou plutôt insultant la femme du directeur qui est avec elle). Effroi. Le vieil ouvrier face à face. Il les sauve. Le capital. Catherine accourt prévenir, et tous se sauvent, abandonné sans lutte. Arrivée des gendarmes. Le siège. Des épisodes, Jeanlin, la grosse fille, etc. – Tous mes mineurs. Le patron arrivant et leur parlant, très bon. – L’ingénieur et sa tante.
Sixième partie.
Fin janvier, la grève depuis deux mois.
– Le pays occupé militairement. Troupes venues de Lille. L’aspect du pays, morne et sans bruit. Des arrestations ont déjà été faites. Poser le petit soldat gardant le terri. Étienne et le petit soldat, causerie. Le vieil ouvrier doit en être.
– Souffrance du capital qui s’entête. Le patron qui râle, faillite, des gens inconnus arrivent de Paris. Chez le directeur, les régisseurs, effarement et entêtement. Scène peut-être chez le directeur. Éboulement dans la mine. Mon cheval. On va faire venir des ouvriers étrangers. Préparer l’achat de sa concession au patron. D’autres ruines amenées dans le pays par la grève. Le pays mort la nuit.
Deux mois de grève.
– Misère noire, affreuse, faim dans le coron. Conséquence du refus de crédit par les petits débitants. Reprendre tous mes ménages. Celui dont la femme couche, plus heureux. Un rappel de l’homme de Lille, de l’internationaliste. Les secours, les souscriptions apportant quelques sous, du pain, mais ne suffisant pas. Des faits à créer. Les ouvriers étrangers, des borains, les hostilités vont reprendre.
– Là absolument une scène entre Étienne et Catherine, où elle lui avoue qu’elle a toujours eu de l’amour pour lui, mais qu’elle a cédé à l’autre. Et la mettre sur le point de se livrer. Elle se laisserait faire. Combat d’Étienne et d’Antoine. Antoine vaincu laisse Catherine. Étienne accompagnant Catherine prête de se livrer. Près du puits, le petit soldat a pu voir, et les voit, et rit. À la maison d’Antoine.
– Le meurtre du petit soldat par Jeanlin. L’enfant dans le puits, détails. Puis il vient guetter le soldat. Et comme il se jette sur lui. Et le meurtre vu par Étienne. (Catherine peut être partie). Et le soldat traîné et jette dans le puits.
Février
– Le lendemain même, attaque du puits, où vont descendre les borains. Les soldats acculés, les baïonnettes prises. Le porion bon. Catherine chassée par Antoine. Rôde et se bat. Tous mes ouvriers. Le directeur, l’ingénieur. Prisonniers faits. L’internationaliste voulant pacifier avec le directeur. Le nihiliste. Étienne et Catherine doivent en être. Le cheval mort.
– La collision. Bataille à coups de pierres, longue. La décharge, ceux qui sont tués : le bon porion, mon 1er mineur, garçon galibot du 2ème mineur, vieille mère du troisième, ma grosse fille et son frère. Le bon ouvrier traverse, sauve Catherine. Le silence final. – Catherine ramenée au coron par Étienne.
Septième partie
Fin janvier [février] 67.
– Étienne dans le coron, au crépuscule. Les morts, ceux qui restent. Le vieil ouvrier, personne ne l’a revu. Prisonnier sans doute, on questionne le vieux raccommodeur. – Le morts, les prisonniers, ceux qui restent, la mère disant qu’elle étranglera ses enfants s’ils vont à la mine. Bavardage chez les femmes, douleur noyant la faim. Le patron, le directeur, détails sur eux. Le ménage du 1er mineur, les autres. Le nihiliste est là, emmène Étienne. Catherine est là très malheureuse, devant sa mère farouche. Dans le cabaret de l’internat., fait prisonnier, sa femme qi vend toujours. Le nihiliste part, va préparer l’accident. Comment il s’y prend. Affiches de la Cie.
– Catherine allant retrouver Étienne dans la chambre. Causerie à voix basse. Je vais avec vous. Montrer qu’ils ne veulent pas coucher ensemble, pris d’une pudeur.
– Descente le lendemain dans le puits. Sensation du nihiliste. Le travail repris, ceux qui s’y trouvent, ceux qui se sauvent. Plaisanterie du chef porion sur Étienne et Catherine. Un travail expliqué. Premier symptôme de la catastrophe. En haut, le désastre, tout coulant à l’abîme.
– Les premiers travaux. Ceux qui sont au fond. Le canal endigué. Le directeur, l’ingénieur. Où en est l’affaire du mariage compromis, les actionnaires et leur fille. Affaire du patron. Commencer chez le directeur, et finir autour de la catastrophe. Tous les ouvriers se dévouant. La galerie de sauvetage commence dans le puits du patron.
– Dans la mine. Le cheval, Étienne et Catherine pris. Le temps passé. Leur nuit de noces. Le rappel des mineurs. Deux autres avec eux qui meurent. Catherine mourante dans les bras d’Étienne.
– Les travaux continuant pour les sauver. Le coup de grisou qui tue le fils de ma 1ère mineuse. Acharnement, dévouement. Ma mineuse et le corps de son fils et sa fille au fond. Étranglement par Bonnemort. Les 2 actionnaires et leur fille venant, rupture avec l’ingénieur, pas de mariage. La femme de l’ingénieur, disant qu’elle trouvera une autre femme. – On sort Étienne vivant, Catherine morte. – Les deux actionnaires et la fille passant chez le vieil ouvrier qu’on a oublié et le trouvant mort de faim.
Avril. Germinal.
– Reprise du travail, à quelque temps de là. La petite mine absorbée par la grande. Le patron employé. L’internationaliste. On travail dans le puits de la petite mine. Tous ceux qui restent. Départ d’Étienne. Mot de ma mineuse au 2ème mineur. Le dieu capital accroupi, inconnu. »
Documents préparatoires de Germinal, NAF10307, f° 1-7.

Plan du Voreux. Documents préparatoires de Germinal, NAF 10308 f° 111