FICHE PERSONNAGE

« 21 ans, le produit de l’éducation bourgeoise de deux petits rentiers. – Elle est d’un blond queue de vache, avec des cheveux rares. Insignifiante et effacée. Pas de personnalité à elle, ni au physique, ni au moral. Complaisante, obéissant. – L’air toujours étonné d’avoir eu un enfant. On ne lui avait pas appris ça. Ne sachant pas l’arranger, c’est Pichon qui l’habitue. Maladroite dans son ménage, tombant même à la paresse. Avec de continuels étonnements et de petits rires, ou des rougeurs ardentes qui sans cause l’empourprent. Lit les livres de Pichon qui l’ennuient. Se paie des romans qu’on lui a défendus jeunes. Une pauvre bête pour qui tout a été expurgé et qui se trompe et tombe à chaque instant dans la vie. Sans défense. »

Documents préparatoires de Pot-Bouille, NAF 10321, f° 271-272.

BIOGRAPHIE

Femme de Jules Pichon. Mère de la petite Lilitte. C’est une jeune femme blonde, au pâle visage de fille tardive, née de parents trop vieux, à la peau d’une finesse et d’une transparence de chlorose, aux cheveux rares serrés en un mince chignon, aux yeux clairs et vides, avec des traits fins et jolis pourtant. Son enfance a été tenue dans une ignorance et une niaiserie systématiques. Elle est très réservée, presque sauvage, avec des confusions qui, à chaque instant, sans cause apparente, lui jettent tout le sang au visage. Devenue mère, elle regarde sa fille avec l’hébétement d’une vierge stupéfaite d’avoir pu faire ça. Elle a le regret maladif d’une autre existence, rêvée jadis au pays des chimères, elle a un besoin de l’au-delà, la lecture du premier roman l’affole et, sans presque s’en apercevoir, elle glisse à l’adultère, elle se laisse prendre par Octave Mouret, devant Lilitte endormie. Et elle continue à vivre avec son clair regard d’innocente, sans une émotion à voir son amant si près de son mari, les servant tous deux selon leurs goûts, de son air un peu las d’obéissance passive. Octave a rompu avec elle, elle le laisse revenir quand il le veut, sans force, paralysée par cette volonté d’homme qui s’impose. C’est à la fois chez elle de la bonté, de la peur et de la bêtise, logique résultat de son éducation de poupée.

(Pot-Bouille)

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