FICHE PERSONNAGE

« 12 ans en 59, 23 ans en 70. Née en 47. – Une fille chlorotique, malgré la campagne, blonde filasse, cheveux rares, avec des yeux bleu faïence. Bouffie et molle, laide, une « vierge laide ». Taches de rousseur. Godiche, modeste, les yeux à terre, élevée dans une sorte d’ahurissement bourgeois, toujours accompagnée, écartée du spectacle des bêtes, surveillée dans ses rapports avec les servantes, emmenée quand un paysan lâche un juron devant elle. Surtout on ne la laisse pas jouer avec les enfants du village. Une scène avec la fille de Jésus-Christ. Élodie débauchée un jour par cette dernière. On la conduit à la messe. C’est à elle que l’abbé s’intéresse. Enfin, toute cette éducation puritaine, d’autant plus sévère que les vieux savent le vice et voient des dangers partout, cette éducation de l’ignorance absolue, et la décision finale devant la question d’argent : il n’y a pas de métier meilleur. Tout le comique est là. Il faut qu’on voie partir pour la maison de là-bas cette Élodie moutonnière, vierge et absolument innocente. »

Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 62-63.

BIOGRAPHIE

Fille d’Hector Vaucogne et d’Estelle Badeuil. Petite-fille de M. et Madame Charles. Elle avait sept ans lorsque ses parents ont repris la maison publique du grand-père. On l’a mise alors dans un pensionnat de Châteaudun, chez les sœurs de la Visitation, pour y être élevée religieusement, comme l’a été sa mère, selon les principes les plus stricts de la morale. Ses grands-parents la reçoivent en vacances. Mangée de chlorose, trop grande pour ses douze ans, elle a la laideur molle et bouffie, les cheveux rares et décolorés de son sang pauvre, si comprimée d’ailleurs par son éducation de vierge innocente qu’elle en est imbécile ; le grand air de la campagne semble l’anémier encore. Par un pieux mensonge, on a transformé pour elle le 19 en une boutique de confiserie où ses parents sont si occupés qu’ils ne peuvent la recevoir. Mais Victorine, une bonne renvoyée pour sa perversité, l’a renseignée depuis longtemps et, lorsqu’à dix-huit ans, Élodie est demandée en mariage par son cousin Ernest Delhomme, elle entend succéder aussitôt à sa mère, qui vient de mourir. Très grande, très mince, d’une pâleur de lis qui végète à l’ombre, cette vierge aux yeux vides, aux cheveux incolores, parle avec sérénité du métier où se sont illustrés les siens ; et à peine débarquée à Chartres, elle se montre étonnante, aussi énergique et maligne que son mari. Les Charles peuvent être rassurés sur le sort du 19, leur petite-fille a le don.

(La Terre)

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