FICHE PERSONNAGE

« Soixante-dix ans. Ancien notaire à Versailles, a vendu son étude en voyant qu’aucun de ses fils n’en prendrait la suite. Il y a dix ans de cela. S’est retiré à Paris avec une fortune d’un demi-million. – En dépense deux cent cinquante mille pour bâtir la maison ; puis veut jouer à la Bourse et perd ses deux cent cinquante mille francs. Il n’a donc plus que sa maison qui lui rapporte 20.000 francs de rente ; il force ses fils à le payer, il est chez les Duveyrier mais entend toucher ses termes. Il peut jouer à la Bourse et les perdre. C’est là qu’il faudrait trouver l’histoire du testament. Je pourrais imaginer qu’il n’y en a pas ; les notaires ne font jamais de testament (?). Surpris par la mort. Donc un vice secret chez cet homme rangé et bourgeois que l’on croit tout à ses fiches. […]

Mon Vabre est un vieillard gros et petit, traînant les pieds, n’ayant plus que quelques cheveux blancs. Gros yeux à fleur de tête, bouche lippue, favoris blancs. Difficulté de parole et de mouvement ; une canne dans l’appartement. Imbécile. »

Documents préparatoires de Pot-Bouille, NAF 10321, f° 254-256.

BIOGRAPHIE

Père d’Auguste, Clotilde et Théophile. Beau-père de Duveyrier. Propriétaire d’un immeuble de la rue de Choiseul, où il loge dans l’appartement de son gendre. Vabre est petit et gros, complètement chauve avec deux touffes de cheveux blancs sur les oreilles ; il a une face rougeaude, la bouche lippue, des yeux ronds et à fleur de tête. C’est un ancien notaire de Versailles, qui a vendu son étude après quarante ans d’exercice, parce qu’aucun de ses fils ne s’est montré capable de lui succéder. La maison de la rue de Choiseul lui rapporte vingt-deux mille francs ; tous ses enfants sont venus se loger là, avec l’espoir de ne pas payer de loyer, mais il présente lui-même les quittances le quinze, et chacun s’exécute, dans la crainte d’être rayé du testament. Le vieux Vabre travaille à un grand ouvrage de statistique, le dépouillement des catalogues officiels du salon de peinture ; il porte sur des fiches, à chaque nom de peintre, les tableaux exposés et, tous les ans, il met ses indications à jour. En dehors de cette imbécile besogne qui l’absorbe, il n’a plus que quatre ou cinq idées qui se déroulent toujours dans le même ordre. Ses héritiers attendent patiemment sa mort, mais lorsqu’il est emporté par une attaque d’apoplexie, on constate que la passion du jeu entretenue en secret, l’a complètement ruiné, qu’il a perdu sa fortune dans des opérations de Bourse et que la maison est lourdement grevée d’hypothèques.

(Pot-Bouille)

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