FICHE PERSONNAGE

« Elle a douze ans en 59, donc née en 49 [sic], et elle aura 22 ans en 70. – Une fille mince, de taille ordinaire, avec des cheveux blonds entremêlés, une bouche grande et un peu tordue au coin, des yeux vert perçant, un petit nez en l’air, jolie et troublante dans son étrangeté. Garçonnière, restée plate avec une toute petite gorge de fillette, même en grandissant ; nerveuse et bondissante, androgyne presque sans cesse, se livrant dans un jeu de gamin, en garçon qui se débauche, sans frein, ni religion, ni morale, ni peur d’aucune sorte. Des robes qui ressemblent à des blouses. Et avec cela, craignant son père, le servant en domestique soumise. Lui ne veut pas la marier, car il ne peut se passer d’elle. Au fond, elle est pour lui une fille tendre. – La bande d’oie qui lui appartient, une vingtaine. Sa passion pour ces bêtes, les seules qu’elle ait. Comment elle les nourrit de maraude. Au début, elle pourrait conduire les oies pour la ferme. Non, j’aimerais mieux qu’elle restât indépendante. À voir cette question des oies.
La finir, pas par le mariage. »

Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 22-23.

BIOGRAPHIE

Fille d’Hyacinthe Fouan, dit Jésus-Christ. Son véritable prénom est Olympe, son surnom vient de ce que, matin et soir, Jésus-Christ la traite de sale trouille. Elle est née d’une rouleuse de routes ramassée sur le revers d’un fossé, à la suite d’une foire, et recueillie par Hyacinthe ; après trois ans de vie commune, la gueuse est partie comme elle était venue, emmenée par un autre homme. L’enfant a poussé dru. Maigre et nerveuse comme une branche de houx, elle a un museau effronté de chèvre, une grande bouche se tordant à gauche, des yeux verts à fixité hardie, des cheveux blonds embroussaillés, l’allure d’un garçon. Sa passion est dans ses oies ; elle possède une vingtaine de bêles qu’elle nourrit de maraude. Dès l’enfance, elle se laissait culbuter par des galopins de son âge, Delphin Bécu, Nénesse Delhomme, et son père la corrigeait à coups de fouet. Elle est en admiration continuelle devant ce Jésus-Christ venteux et gueulard, gentil seulement lorsqu’il est soûl, et qui lui inspire à la fois de la tendresse et de la terreur. À dix-huit ans, elle reste un vrai garçon, qui n’aime que ses bêtes et se moque bien des hommes, ce qui ne l’empêche pas, quand elle joue à se taper avec quelque galopin, de finir le jeu sur le dos, naturellement, parce que c’est fait pour ça et que ça ne tire pas à conséquence. Honnête à sa façon, elle refuse les avances de Leroi, dit Canon et éclate en larmes lorsque Nénesse lui fait l’affront de l’engager à travailler dans une maison publique.

(La Terre)

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