FICHE PERSONNAGE
« Berger, un vieux de soixante-cinq ans en 60. Très vieux à la ferme, mais pas prêcheur, pas sorcier, pas de plantes ni de recettes. – Le paysan qui tient à sa place, qui a poussé là et qui ne veut pas en bouger. Il a un vice qui a mangé ses gages, une femme ivrogne et putain par exemple, morte depuis peu ; et il économise maintenant, avec la peur d’un renvoi, depuis que Jacqueline le hait. – La haine contre Jacqueline, la haine du serviteur ancien contre la servante qui s’élève au-dessus de lui et qui le menace, haine grandie de sa haine contre les femmes, à cause de la sienne. Il a vu Jacqueline torchon à la cuisine, petite vachère, et il ne lui pardonne pas d’être, de faire la maîtresse. [… Jacqueline] renvoie Tron, et celui-ci met le feu à la ferme, incendie dans lequel Jacqueline est brûlée. »
Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 78-80.
BIOGRAPHIE
Le vieux berger de la Borderie, où il sert depuis un demi-siècle. Très grand, très maigre, visage long coupé de plis, comme taillé à la serpe dans un nœud de chêne, sous l’emmêlement de ses cheveux déteints, couleur de terre. À soixante-cinq ans, il n’a rien amassé, mangé par sa femme, ivrognesse et catin, qu’il vient enfin d’avoir la joie de porter en terre. Toujours droit, résistant et noueux ainsi qu’un bâton d’épine, n’ayant que deux camarades, ses chiens Empereur et Massacre, il s’est fait une ennemie de Jacqueline Cognet, qu’il exècre, d’une haine d’ancien serviteur jaloux, révolté par la rapide fortune de cette dernière venue. Il évite tout conflit, et se tait dans la peur d’être jeté dehors comme une vieille bête infirme. Mais la Cognette, lasse de le voir toujours entre elle et ses amants, finit par le faire congédier et alors il dit tout au maître Alexandre Hourdequin.
(La Terre)