LA FORTUNE DES ROUGON
Père d’Angèle Sicardot, beau-père d’Aristide Rougon. C’est un vieux capitaine retraité, qu’on appelle le commandant Sicardot. Taillé en hercule, le visage rouge brique, couturé, planté de bouquets gris, il compte parmi les plus glorieuses ganaches de la grande armée. Il s’est retiré à Plassans et a marié, en 1836, sa fille Angèle avec Aristide Rougon, en lui donnant une dot de dix mille francs, toutes ses économies, Ce vieux soldat de Napoléon, plein de droiture et d’énergie, toujours prêt à foncer sur les perturbateurs, est l’un des familiers du salon de Pierre Rougon ; il y représente l’élément bonapartiste. Devenu chef de la Garde nationale, il se charge de maintenir l’ordre. Mais au coup d’Etat, chef sans troupe, il est pris par les insurgés et emmené avec les autres autorités de la ville ; quand il revient à Plassans, il trouve Pierre en pleine apothéose. D’abord ennuyé de n’être plus le seul homme décoré de la bande, il s’échauffe sur le courage déployé par Rougon, le décore de ses mains loyales et, réconcilié du même coup avec son gendre Aristide, il fournit à cet ancien démagogue les fonds nécessaires pour aller chercher fortune à Paris.
L’ARGENT
À son arrivée à Paris, en 1851, Aristide Rougon a pris d’abord ce nom, qui est celui de sa femme. Il a habité une huitaine de jours, rue de la Harpe, dans une chambre que sous-louait une dame, et ce n’est qu’après ce court séjour qu’il est allé rue Saint-Jacques. Aristide a signé du nom de Sicardot les six cents francs de billets souscrits à la mère de Rosalie Chavaille.