GÉNÉALOGIE

Né en 1853. Disparu.

– Mélange soudure. Ressemblance physique du père.
(Arbre généalogique des Rougon-Macquart – 1893)

FICHE PERSONNAGE

« 12 ans. Un garçon d’une ressemblance frappante avec Saccard. Mais extraordinairement développé pour son âge. Très grand, trapu, très fort déjà. – Presque des moustaches, viril, formé ; et cela terrible dans cette grande jeunesse. Une asymétrie, joue plus forte que l’autre, et le nez un peu incliné. Cheveux roux, frisés. Une apparence bestiale, un jeune monstre, avec l’air [illisible], les yeux hardis, dévorants, la bouche sensuelle, respirant tous les appétits. Les yeux jaunes enfoncés sous des arcades sourcilières profondes, les lèvres épaisses. Et surtout l’expression : un bandit, canaille, violent, dans une grande enfance du visage, le trait délicat, le teint de fille, par places. Un priape futur dans un enfant.

Comme psychologie, tous les vices en germe. La violence pour jouir. Élevé à l’abandon, dans la misère noire. Sa mère partait tous les matins comme vendeuse de citrons ; mais elle disparaissait souvent de huit jours, de quinze jours, avec un homme ; et lui, resté seul, poussait à sa guise. Élevé à voir sa mère avec des hommes, lui-même, dès qu’il a pu, avec les petites filles ; voleur avec ça, toute la journée sur les fortifications. Pas d’école, ne sait ni lire ni écrire. Et quand sa mère est morte, c’est pis encore. Il est avec une femme de quarante, qui l’a pris pour le faire travailler, une chiffonnière veuve, et qui couche avec. On en plaisante, on dit que c’est un homme. C’est de là qu’on le tire, vautré dans le vice. »
Documents préparatoires de L’Argent, NAF 10268, f° 294-295.

« Je l’ai fait disparaître, dans L’Argent, après son viol de la jeune fille. Il sera allé à l’inconnu et je l’y laisserai. Reprendre dans L’Argent, la phrase : « Le monstre était lâché par le monde, à l’avenir, à l’inconnu, ainsi qu’une bête écumante du virus héréditaire, qui devait élargir le mal, à chacun de ses coups de dents. »
Documents préparatoires du Docteur Pascal, NAF 10290, f° 128.

BIOGRAPHIE

Fils naturel d’Aristide Rougon, dit Saccard, et de Rosalie Chavaille. Né en 1853. A été élevé dans la cité de Naples, chez la Méchain, petite cousine de sa mère. Celle-ci se prostituait en sa présence avec des hommes, il vivait sur les fortifications et faisait avec les petites filles ce qu’il voyait faire chez lui.

À douze ans, sa ressemblance avec Aristide Saccard est extraordinaire ; il paraît prodigieusement développé pour son âge, pas très grand, trapu, entièrement formé, déjà poilu, ainsi qu’une bête précoce ; les yeux hardis, dévorants, la bouche sensuelle, sont d’un homme. Il a toute une moitié de la face plus grosse que l’autre, le nez tordu à droite, la tête comme écrasée sur la marche où sa mère, violentée, l’a conçu. Il ne sait pas écrire, à peine lire. De sa face d’enfant mûri trop vite, ne sortent que les instincts exaspérés de sa race, une hâte, une violence à jouir, aggravées par le terreau de misère et d’exemples abominables, dans lequel il a grandi.

Ce gamin de douze ans, ce petit monstre couche avec la mère Eulalie, une femme de quarante ans, ravagée et malade, qu’il appelle sa femme. Un chantage organisé contre Aristide Saccard par Busch et la Méchain aboutit au placement de Victor à l’Œuvre du Travail. Dans une cruelle réminiscence de l’acte de son père, prenant la misérable Rosalie sur une marche et lui démettant l’épaule au moment de la conception, Victor Saccard se jette comme un jeune fauve sur Alice de Beauvilliers, la viole et s’enfuit de l’Asile. On perd sa trace.
(L’Argent)

En 1873, il n’a point reparu, rôdant dans l’ombre du crime, puisqu’il n’est pas au bagne, lâché par le monde, à l’avenir, à l’inconnu de l’échafaud.
(Le Docteur Pascal)

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