FICHE PERSONNAGE
« Suzanne Pierron, dite la Pierronne. Vingt-huit ans. N’est jamais descendue dans la fosse, a travaillé dans une fabrique jusqu’à son mariage. La plus jolie de mes femmes. A épousé Pierron veuf.
Très brune, petite figure blanche, éveillée, très gaie, douce. Le front bas, le nez droit et un peu pincé, la bouche petite, mince, de beaux yeux, coiffée toujours avec soin ; et d’une propreté encore plus grande que la Maheude. – Elle n’a pas d’enfants, ce qui explique la propreté. La petite travaille au fond de la mine comme son père. La mère est coquette, se montre sévère pour la petite fille, qu’elle n’aime guère, qu’elle ne caresse pas. Cela me permettra de faire de la petite Lydie une demi martyre, que Jeanlain protège ; une souffre-douleur.
La Pierronne étant très protégée, a obtenu de tenir un petit commerce de sucreries pour les enfants. Elle y gagne six ou sept sous par jour, quelquefois le double le dimanche. Le drame, Jeanlin décidant Lydie à vider un bocal. Les douceurs sont derrière une fenêtre, où l’on a mis des planches.
Donc une femme coquette et qui fait parler d’elle. Toujours mieux mise, la gorge encore belle, n’ayant pas d’enfant ; et fière avec cela, ne buvant pas du café, ne cancanant pas avec les autres. On lui donne déjà des amants, lorsque le chef porion se toque d’elle. – Elle a amené sa mère de Marchiennes, la mère Brûlé, une vieille énergumène. – Mais elle ne la suit pas la laisse agir à sa guise, avec un beau sang-froid, en disant : « Maman est bien libre, chacun a ses idées. » Seulement, elle peut parler de flanquer sa mère à la porte, lorsque celle-ci la compromet (à arranger).
Sait lire et écrire. »
Documents préparatoires de Germinal, NAF 10308, f° 41-43.
BIOGRAPHIE
La seconde femme de Pierron. Vingt-huit ans. Elle passe pour la jolie femme du coron, brune, le front bas, les veux grands, la bouche étroite ; avec cela, coquette, d’une propreté de chatte, la gorge restée belle, car elle n’a pas eu d’enfant. Grâce à des protections, la Compagnie l’a autorisée à vendre des bonbons et des biscuits, dont elle étale les bocaux sur deux planches, derrière les vitres de la fenêtre ; ce sont six ou sept sous de gain par jour, quelquefois douze le dimanche. Maîtresse du maître porion Dansaert, grâce à qui Pierron obtient toutes les faveurs, très méprisante, dans sa certitude d’être la plus belle et la plus riche, elle sait répondre aux gros mots des mineurs. Après la grève, la Pierronne possède l’estaminet du Progrès, grâce à l’appui de tous ces messieurs de la direction, qui se montrent très bons pour elle.
(Germinal)