FICHE PERSONNAGE
« 18 ans. – Une bonne de la Beauce, petite, grasse, à figure ronde sous un petit bonnet, à durs cheveux noirs, avec un nez écrasé et une bouche rouge. Arrivée à Paris et conduite à Passy. – Elle ne connaît pas Paris. C’est Rambaud que l’a fournie. – Maladroite, mais c’est un cheval au travail, et sachant faire la cuisine, car elle est la nièce de la servante d’un curé. »
Documents préparatoire d’Une page d’amour, NAF 10318, f° 485.
BIOGRAPHIE
Bonne de madame Grandjean. Courte, grasse, la figure ronde sous son étroit bonnet, nez écrasé, bouche rouge, cheveux noirs et drus. Beauceronne. Elle avait été donnée à Hélène par l’abbé Jouve à qui elle avait été recommandée par un curé de village, ancien camarade de séminaire. Rosalie a grandi au presbytère, avec la servante, qui était sa marraine. Elle triomphe dans les petits plats. Avec la permission de madame, elle reçoit chaque dimanche la visite de son fiancé, le soldat Zéphyrin Lacour, en l’honneur de qui elle fait tous les samedis un formidable nettoyage dans sa cuisine et qui se tient bien sage dans un coin.
(Une Page d’Amour)
PORTRAIT
La cuisine de Rosalie donnait sur le jardin du docteur Deberle, en plein soleil. L’été, par la fenêtre, très-large, les branches des ormes entraient. C’était la pièce la plus gaie de l’appartement, toute blanche de lumière, si éclairée même que Rosalie avait dû poser un rideau de cotonnade bleue, qu’elle tirait l’après-midi. Elle ne se plaignait que de la petitesse de cette cuisine, qui s’allongeait en forme de boyau, le fourneau à droite, une table et un buffet à gauche. Mais elle avait si bien casé les ustensiles et les meubles, qu’elle s’était ménagé, près de la fenêtre, un coin libre où elle travaillait le soir. Son orgueil était de tenir les casseroles, les bouilloires, les plats dans une merveilleuse propreté. Aussi, lorsque le soleil arrivait, un resplendissement rayonnait des murs ; les cuivres jetaient des étincelles d’or, les fers battus avaient des rondeurs éclatantes de lunes d’argent ; tandis que les faïences bleues et blanches du fourneau mettaient leur note pâle dans cet incendie.
(Une Page d’Amour, II, 1)
Félicité, dans Un cœur simple, de Flaubert
Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, — qui cependant n’était pas une personne agréable. […]
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption ; puis le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les cendres et s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main. Personne, dans les marchandages, ne montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, — un pain de douze livres, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d’hôpital.