GÉNÉALOGIE
Née en 1824 ; épouse en 1841, Grandjean, chétif et prédisposé à la phtisie ; en a une fille en 1842 ; perd son mari d’une bronchite en 1853 ; se remarie, en 1857, avec M. Rambaud dont elle n’a pas d’enfants. Vit encore à Marseille avec son second mari.
– (Agathe) Née en 1824.
(Arbre généalogique des Rougon-Macquart – 1869 n°1)
– Élection du père. Ressemblance physique du père.
(Arbre généalogique des Rougon-Macquart – 1878)
– Innéité. Combinaison où se confondent les caractères physiques et moraux des parents, sans que rien d’eux semble se retrouver dans le nouvel être. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart – 1893)
FICHE PERSONNAGE
« Est née en 1821, d’Ursule Macquart et de Mouret (ce dernier est établi chapelier à Paris). Elle est sœur de François, mort à Plassans, et de Silvère, mort en 1851. – Ursule sa mère est morte phtisique en 1839, à 50 ans.
Hélène est surtout fille de son père, homme très honnête, qui ne veut avoir aucun rapport avec les Macquart. Sélection du père avec ressemblance physique. Jeanne au contraire tiendra de sa grand-mère Ursule ; l’hérédité sautant une génération. J’expliquerai cela dans une conversation avec le médecin, lorsque Jeanne sera malade, vers la moitié du volume. […] Grande, superbe, correcte. Une Junon châtaine. Un profil romain. Elle est d’un châtain à reflets blonds. Des yeux gris, très grands et très calmes. Des dents magnifiques, un menton un peu fort qui lui donne un air raisonnable et ferme. Un peu lente dans ses mouvements. Une majesté naturelle. Pourtant, rien de compassé. Beaucoup de grâce et de souplesse à l’occasion. Une femme sérieuse avec un coin resté enfant.
J’entre ici dans le portrait moral. Une grande droiture, un amour du vrai et de la justice, un caractère très digne et très ferme. Mais il faut surtout baser la figure sur la vie qu’elle a menée d’abord. Elle ignore la passion, ayant fait un mariage où son cœur et ses sens n’étaient pour rien. Elle a vécu avec son mari dans des termes d’amitié et de devoirs mutuels. Quand je la prends, elle est veuve, elle a pleuré son mari convenablement, ignore la passion, compte sur sa raison pour aller ainsi jusqu’au bout de sa vie. Les sens semblent parler très peu en elle. C’est une nature calme et réfléchie, dans laquelle éclate un coup de passion. Et voici le sens philosophique de tout le livre : Elle nie la passion, elle s’en croit parfaitement à l’abri par sa raison et son calme, puis la passion la prend, la torture, et elle proclame la passion triomphante ; mais la passion s’en va et elle retombe à son grand calme. Seulement, elle y a laissé sa fille. »
Documents préparatoire d’Une page d’amour, NAF 10318, f° 472-473.
« 48 ans. A épousé Grandjean, puis Rimbaud. Après la mort de sa fille Jeanne, n’a pas eu d’enfant de Rimbaud. C’est comme une punition. Elle vit très calme et très heureuse, dans une propriété de la banlieue de Marseille. Pascal l’a vue. Une ombre de tristesse pourtant. »
Documents préparatoires du Docteur Pascal, NAF 10290, f° 129.
BIOGRAPHIE
Née à Marseille en 1824, devient orpheline en 1840. Sœur de François et de Silvère.
(La Fortune des Rougon)
Grandjean, son premier mari, plus âgé qu’elle de six ans, s’est pris d’un grand amour pour cette belle jeune fille qui avait alors dix-sept ans et habitait avec son père à Marseille. Les Grandjean, riches bourgeois exaspérés de la pauvreté d’Hélène, ont rompu avec le jeune ménage qui végète longtemps et vivra enfin à l’aise, grâce à dix mille francs de rente, légués par un oncle du mari. Mais Grandjean, venu à Paris avec sa femme et son enfant pour s’y fixer, est enlevé par une brusque maladie. Les seuls amis qu’Hélène ait à Paris, l’abbé Jouve et Rambaud, l’installent avec sa fillette Jeanne, dans le quartier de Passy, sur les hauteurs du Trocadéro, d’où elle contemplera Paris, l’océan humain sans bornes et sans fond.
À vingt-huit ans, grande, magnifique, d’une beauté correcte, Hélène est une Junon châtaine, d’un châtain doré à reflets blonds. Elle a des yeux gris à transparence bleue, des dents blanches qui lui éclairent toute la face, un menton rond un peu fort. Saine et chaste, avec un air grave et bon, c’est une nature droite, à sang calme. Elle vit dans une paix très douce, cousant des layettes pour les pauvres de l’abbé, le recevant à dîner tous les mardis avec le bon Rambaud, n’ayant d’autre sortie qu’une promenade quotidienne de deux heures au Bois de Boulogne, avec sa fille, enfant délicate et nerveuse qui lui a voué une adoration jalouse.
Hélène a perdu depuis dix-huit mois son mari qui l’adorait, mais pour qui elle n’eut jamais qu’une amitié calme, lorsqu’une crise maladive de Jeanne la met en présence du docteur Deberle. Portée d’abord par un élan de reconnaissance vers celui qui a sauvé son enfant, rapprochée de lui par de communes visites chez une pauvresse, la mère Fêtu, puis entrée dans l’intimité des Deberle, elle se prend pour le docteur d’un profond amour, le premier amour de sa vie, qu’elle rêve d’abord chaste, mais qui, bientôt, la jettera dans les bras de Henri, frémissante, oubliant un instant sa fille, ne soupçonnant pas le terrible mal qui va emporter l’enfant.
La fin tragique de Jeanne, cette mort muette sans une plainte, ce masque sombre et sans pardon de fille jalouse, ébranle violemment Hélène et déchire dans sa vie la page d’amour à peine commencée. Fidèle aux conseils de l’abbé Jouve, elle épouse plus tard le fidèle et paternel Rambaud qui l’emmène à Marseille et quand, revenue deux ans après au cimetière de Passy, sur la tombe de Jeanne, elle apprend qu’un autre enfant est né aux Deberle, cette fin mélancolique la laisse sans colère, le cœur muet, les sens pleins de sérénité.
(Une Page d’Amour)
Elle vit de longues années, très heureuse, très à l’écart, idolâtrée de Rambaud, dans la petite propriété qu’ils possèdent, près de Marseille, au bord de la mer.
(Le Docteur Pascal)