FICHE PERSONNAGE

« Lise Fouan, femme Buteau. 25 ans en 59, née en 34, et aura 36 ans en 70. Un an de moins que son mari. Tient de son père, courte, forte, bien portante. Visage rond, cheveux gris et gras, châtains. Gros yeux, grosse bouche, gros nez, mais agréable. L’air gai et ouvert. – Se fanera vite, déjà moins agréable lors du mariage. Grossira, deviendra énorme. – Bonne ménagère, active et bruyante. – Mais gourmande, s’oubliant à des chatteries, toute seule, et glissant même un peu à la paresse. – Pas mauvais cœur, peu à peu intéressée pourtant, au contact de son mari, devenant à la fois dure et emportée, très intéressée, avec des abandons de bonté. En somme gâtée par son mari. – Vis-à-vis de sa sœur Françoise, même travail : dévouée d’abord, puis jalouse et mauvaise. Quand son mari lui crie qu’il a couché avec sa sœur, pas trop de révolte. Elle le croit, pourtant, dit que c’est cochon, mais trouve ça assez naturel au fond. Ce n’est que plus tard que la colère vient, lorsque le partage se fait, et que la question d’intérêt les divise. – Et une fin bonne, pour ne pas avoir que des natures mauvaises. »

Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 47-48.

BIOGRAPHIE

Sœur aînée de Françoise. Fille de la Vierge, elle est enceinte des œuvres de son cousin Buteau. Grasse et ronde, la mine gaie, Lise est grande, elle a l’air agréable, malgré ses gros traits et la bouffissure commençante de toute sa personne. Plus âgée de dix ans que Françoise, elle apporte à la besogne un tel cœur, tapant, criant, riant, qu’elle réjouit la vue. Le petit Jules a près de trois ans, lorsque Buteau, longtemps réfractaire au mariage, est séduit par une opération de terrains qui avantage les sœurs Mouche ; il se décide à épouser Lise.

De nouveau enceinte, celle-ci accouche le jour de la Saint-Fiacre, en même temps que la Coliche, et la femme oublie ses propres douleurs pour s’intéresser au travail de la vache. Depuis qu’un homme est là, avec ses volontés et ses appétits de mâle, une haine lente, inconsciente, s’est levée entre Lise. et Françoise. Plus l’aînée a grossi, plus elle s’est tassée dans sa graisse, satisfaite de vivre, d’une gaieté d’égoïsme rapace, ramenant à elle la joie d’alentour. Comme Bateau devient brutal et qu’il casse tout lorsqu’il est repoussé par Françoise, Lise voudrait voir sa sœur céder ; son unique désir est d’être heureuse, même au prix d’un partage. Puis, rageant de voir son mari s’échauffer inutilement auprès de la jeune fille, elle prend en exécration ce joli corps qui se refuse, elle voudrait que Bateau abîme tout ça, et c’est dans ce sentiment qu’elle aide plus tard au viol, espérant aussi que Buteau pourra, par déconvenue, détruire l’enfant que la femme de Jean porte en elle. Mais dans le cœur qu’il y mettait, Buteau a tout oublié. Et une jalousie éclate tout à coup en l’âme de Lise, une jalousie qui porte moins sur l’acte que sur tout ce qu’il a fallu partager, dès la naissance, avec cette sœur maudite. Elle hait Françoise d’être plus jeune, plus fraîche, plus désirée, et, dans un paroxysme de colère, elle la culbute de toute la force de ses poignets sur une pointe de faux. Le crime reste impuni, grâce au silence volontaire de la victime. Lise aide ensuite à l’assassinat du père Fouan.

(La Terre)

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