FICHE PERSONNAGE

« La chatte. – Même âge que le chien. Une chatte blanche, très câline, avec des yeux verts, et en faire dans la maison l’image du bonheur égoïste, toujours travaillant à son plaisir, caressant les gens pour se câliner, tenant à la maison pour sa joie, se fourrant dans des endroits chauds, ronronnant pendant que Chanteau hurle, mangeant avec délicatesse et dégoût, – puis partant pour des bordées avec les matous du voisinage, revenant très sale les yeux hors de la tête, mais se léchant et très propre deux heures après, puis accouchant sans douleur. Véronique lui jette ses petits, la chatte y est habituée et ne miaule même plus, on lui fait passer le lait, retourne se faire engrosser pendant que Mathieu pleure, en cherchant les petits. On peut lui en laisser un une fois, ce qu’il en arrive. – La chatte dans les pattes de Mathieu, au chaud.

Vie de la chatte. Toujours près de Chanteau, qui est forcé d’être sédentaire. Le regarde sans cesse de ses yeux de sphinx, ne s’en va être tranquille ailleurs que lorsqu’il crie trop fort. – Se lèche et se fait belle continuellement, mange et dort, ne [ill.] même plus, n’aime pas à être tripotée par Pauline jeune. Elle reste toujours la même, et à la dernière scène, lorsque Chanteau hurle encore, elle est là ronronnant, heureuse, la joie de vivre. On vient encore une fois de lui jeter ses petits, l’éternelle fécondation inutile. »

Documents préparatoires de La Joie de vivre, NAF 10311, f° 251-252.

BIOGRAPHIE

Petite chatte blanche, appartenant aux Chanteau. D’une propreté minutieuse, froidement égoïste, elle traverse les événements avec le continuel souci de ne pas se salir. C’est la parfaite indifférence, opposée aux débordantes démonstrations du chien Mathieu. Quatre fois par an, elle tire des bordées terribles, disparaissant des deux et trois jours. Elle rentre abominable, si sale qu’elle se lèche pendant une semaine ; puis elle reprend son air dégoûté de princesse. Ses portées sont jetées à l’eau sans qu’elle s’en inquiète, pensant que la maternité finit là. À seize ans, elle perd un peu la vue.

(La Joie de vivre)

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