FICHE PERSONNAGE

« 32 ans. Petit, brun, joli garçon, très svelte, très vif. Petite figure éveillée avec de minces moustaches brunes, des yeux noirs perçants, voix pointue et claire, des cheveux abondants et bouclés. Un nez fin ; et aimable, souriant. D’une grande activité, d’une vivacité de mouvement sans pareille. L’intelligence très alerte elle aussi. Très coquet, très soigné.
Agent de change, le neveu d’un vieil agent qui lui a cédé sa charge. C’est pour cela qu’il est agent de change si jeune. Loge rue de la Banque, du moins ses bureaux sont là, et je puis faire par exception, qu’il occupe le premier avec sa femme, lorsque les bureaux sont au second. Marié à une jolie blonde qu’il adore : a une fillette de trois ans et un garçon de dix-huit mois. Un ménage charmant, pas encore de coups de canif, ou si peu. – Bien qu’il soit jeune et emballé, je ne le ferai pas jouer encore. Mais pas prudent, mais sans expérience, n’osant encore se risquer. Il jouerait plus tard. Très charmant, en somme, et pas encore trop gâté.
Il se suicide à la fin. La femme entend le corps qui tombe, et monte. Ou bien, mêler la petite fille à ce drame. »

Documents préparatoires de L’Argent, NAF 10268, f° 343-344.

BIOGRAPHIE

Un des plus jeunes agents de change, comblé par le sort, ayant eu la chance de la mort de son oncle, qui l’a rendu titulaire d’une des plus fortes charges de Paris à trente-deux ans, à un âge où l’on apprend encore les affaires. De petite taille, il est de figure agréable, avec de minces moustaches brunes, des yeux noirs perçants. Il a fait un mariage d’amour qui lui apportait plus d’un million, deux enfants sont venus, et, après quatre ans de mariage, on ne lui prête qu’une courte curiosité pour une chanteuse de l’Opéra-Comique. Il vit dans une bonne odeur de chance, de félicité sans nuage, Mazaud montre une grande activité, l’intelligence très alerte elle aussi, beaucoup de flair, une intuition remarquable. Il a une voix aiguë qui, autour de la corbeille, fait contraste avec la voix mugissante de son collègue Jacoby ; à l’opposé de celui-ci, il a la réputation de ne pas encore trop jouer pour son compte. La Banque Universelle va lui être funeste. Très engagé avec Saccard, qu’il reporte pour des sommes considérables, il a cru à l’appui décisif du syndicat Daigremont, il s’est laissé conquérir au point d’accepter encore, le matin même de la débâcle, des ordres d’achat sans couverture pour plusieurs millions. Et il est ruiné par la catastrophe ; il se suicide chez lui d’un coup de revolver et son sang tombe goutte à goutte, dans le luxe et le parfum des roses, éclaboussant sa femme et ses petits.

(L’Argent)

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