FICHE PERSONNAGE
« 50 ans. La faire mince et sèche, pour l’opposer à son mari. A été très active, a aidé à la fortune. Petite femme, toujours furetant, très bonne ménagère. Et il serait bon de faire que ce soit elle qui se passionnât surtout pour le jeu. Son mari s’y met d’abord, puis c’est elle qui s’entête, sans en avoir l’air, qui le pousse. Lui, plus faible, moins d’estomac, s’arrêterait si elle ne le poussait ; et d’abord c’est elle qui criait contre le jeu. – Quand Marcelle vient demander de l’argent pour son mari, c’est la mère surtout qui refuse. Le père céderait plutôt. – Marcelle dit : « Mais qu’a donc maman ? Elle si bonne. »
Elle est une demoiselle Chave, de Marseille. »
Documents préparatoires de L’Argent, NAF 10268, f° 330.
BIOGRAPHIE
Originaire de Marseille, sœur du capitaine Chave. Sèche, active, elle a travaillé comme son mari et gagné sa part de la fortune. Elle voit avec inquiétude Maugendre se lancer dans les spéculations de Bourse, car elle a toujours professé contre le jeu une haine de bonne ménagère. Mais, si des angoisses l’agitent, elle a les yeux enflammés au moindre gain. Un jour, elle devient plus enfiévrée, plus âpre que son mari, c’est elle qui le gourmande de sa timidité ; acharnée aux grands coups de hasard, elle s’exalte sur les renseignements de la Cote financière, une vieille feuille honnête qui inspire confiance à tous les rentiers, mais qui a été achetée par Saccard. Et madame Maugendre, si prudente autrefois, si économe, la terreur de ses bonnes, toujours sur leurs talons, à éplucher leurs comptes, ne parle plus que par centaines de mille francs. Après la ruine, elle et son mari sont secourus par le gendre qu’ils avaient méprisé, et qui les installe à Clichy, dans un rez-de-chaussée, avec jardin pas cher.
(L’Argent)