FICHE PERSONNAGE

« Elle a 68 ans en 59, née en 95 [sic], et elle meurt au cours du récit.

Petite elle aussi, mais grasse, ronde encore, avec des petits yeux et une petite bouche bridée de rides. De teint jaune, couleur de son. Restée blonde de cheveux. Parole lente et grasse. Commencement d’hydropisie qui l’empêche de marcher. A été une ménagère silencieuse et propre, très active dans sa lenteur. Dominée du reste par son mari, devant lequel elle a toujours tremblé. Au fond, indifférente et même égoïste. A élevé ses enfants sans tendresse, très avare. N’a eu de l’affection que pour son aîné, Hyacinthe (Jésus-Christ). Toute pour lui. Les autres, un ennui, un embarras. Du reste, peu importante, disparaissant vite.

Dans le partage, soumise à tout ce que fera son mari, ne disant rien, suivant tout de ses petits yeux bridés. Des mots d’avare, quand son mari va trop loin. Deux ou trois. Un mot pour Narcisse. Moins intelligente que son mari. Pas de vice, avare seulement. »

Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 17-18.

BIOGRAPHIE

Femme du père Fouan. Elle a travaillé plus qu’un homme, levée avant les autres, faisant la soupe, balayant, récurant, les reins cassés par mille soins, les vaches, la cochon, le pétrin, toujours couchée la dernière, et sa seule récompense est d’avoir vécu. Stupide, réduite à un rôle de bête docile et laborieuse, elle a toujours tremblé devant l’autorité despotique de son mari. Elle a élevé ses enfants sans tendresse, dans une froideur de ménagère qui reproche aux petits de trop manger de ce qu’elle épargne ; sa préférence a été pour l’aîné, Jésus-Christ ; ce chenapan n’a rien d’elle ni de son mari et pourtant il sera jusqu’au bout le chéri de son cœur. Devenue vieille, Rose semble être restée grasse, le ventre gros d’un commencement d’hydropisie, le visage couleur d’avoine, troué d’yeux ronds, d’une bouche ronde, qu’une infinité de rides serrent ainsi que des bourses d’avare. Elle survivra peu à la démission de biens du père Fouan. Ses faiblesses pour Jésus-Christ excitent la fureur de son autre fils, Buteau, qui la traite de vieille coquine, la jette violemment à terre et casse cette pauvre tête grise, usée et lasse. La mère Fouan meurt après trente-six heures d’agonie.

(La Terre)

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