FICHE PERSONNAGE
« Adolphe Lengaigne. 45 ans en 59, 56 ans en 70. – Paysan froid, grand, rigide, sec. Une tête de chouette, yeux ronds, nez courbé, collier de barbe hérissé, le tout hiératique, figé ; avec des paroles qui partent comme des cris, dans les grosses émotions.
Républicain, mais sourdement, hermétiquement, comme un mystère. Chantre malgré ses opinions. C’est chez lui que J.-C. fera sa scène. À la fin, saisi par les rats de cave, sur la dénonciation de Macqueron. Et il perd son bureau de tabac. À voir. »
Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 93-94.
BIOGRAPHIE
Débitant de tabac et cabaretier à Rognes. Très long, l’air figé, ayant une petite tête de chouette sur de larges épaules osseuses, il cultive ses terres pendant que sa femme pèse le tabac et descend à la cave. Ce qui donne une importance à Lengaigne, c’est qu’il rase le village et coupe les cheveux, un métier rapporté du régiment. Il est libre penseur et vaguement républicain, mais sa situation de buraliste lui ferme la bouche, il se borne à gronder dans les coins contre les bourgeois d’aujourd’hui qui ont tout gardé dans le partage, ne font les lois que pour eux et vivent de la misère du pauvre monde. Il exprime ainsi le sentiment de tout le village, la haine séculaire indomptable, du paysan contre les possesseurs du sol. Mais la vraie colère de Lengaigne est contre Macqueron, le cabaretier voisin ; une vieille rivalité les sépare ; quand l’un a de la chance, l’autre est ulcéré ; ils s’exècrent au point de souffrir d’une mitoyenneté future, dans le cimetière de Rognes.
(La Terre)