FICHE PERSONNAGE

« Un second fils des Josserand, Léon. Âgé de 27 ans. On lui a fiat faire ses classes. Élève assez médiocre. Puis abandonné par ses parents et comprenant qu’il doit faire ses affaires lui-même. A fait son droit, très péniblement, en mangeant chez ses parents, dont il abomine la médiocrité. Les parents le savent égoïste, des froissements, une séparation, presque des jalousies. Secrétaire d’un avocat républicain célèbre. Comprend qu’il doit se faire. Le jeune bourgeois voulant sa place au soleil, d’abord révolutionnaire, puis se calmant quand il a un sort, devenant gourmé ; il faudra que je fasse assister le lecteur à cette transformation. Quand je le prends, il est déjà calme, il n’est déjà plus que républicain. Il a rencontré une dame mariée, Mme Dambreville, quarante-huit ans, ancienne maîtresse d’un ministre qui l’a mariée, en la dotant, à un bon employé qu’il pousse : Dambreville, chef de bureau au mont-de-piété ou ailleurs. Il arrive par cette femme dont il est l’amant. Elle a un salon, où elle a la passion de faire des mariages. C’est là où va Mme Josserand. Elle le marie et le fait entrer au conseil d’État, auditeur. Puis à la fin, il est davantage et complètement converti à l’empire autoritaire, à Rouher. Les curés se sont mêlés de l’aventure. »

Documents préparatoires de Pot-Bouille, NAF 10321, f° 243-244.

BIOGRAPHIE

Fils aîné des Josserand. A fait son droit et a quitté jeune la maison paternelle, s’effaçant devant ses sœurs, ne comptant que sur lui-même. Pendant deux ans, il a promené sur les trottoirs du quartier latin une démagogie féroce ; il est devenu secrétaire d’un avocat célèbre, député de la gauche, puis très décidé à parvenir, il s’est poussé auprès de la vieille madame Dambreville, bien placée pour l’aider. Elle est sa maîtresse. Léon Josserand est un jeune homme correct, à l’air sérieux. Ses opinions se sont calmées, il a tourné au républicain doctrinaire, gardant seulement dans les discussions une voix rogue de jeune démocrate. Ses convictions se refroidissent à mesure que madame Dambreville le répand davantage, il devient auditeur au Conseil d’État, puis maître des requêtes et se rallie définitivement à l’Empire. Entre temps, il a su tirer parti de la passion de la vieille dame en se faisant marier avec une riche et jolie créole, nièce de Dambreville, ce qui ne l’empêchera pas de revenir aux bras de la tante, dont il a encore besoin. La jeune madame Josserand garde la maison, Léon continue à aller dans le monde avec madame Dambreville et l’accompagne même chaque dimanche à la messe de neuf heures.

(Pot-Bouille)

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