FICHE PERSONNAGE

« Ainsi de l’oncle, je puis faire un athée ridicule, un vieux bonhomme enfoncé dans Voltaire, etc. Mangeant gras le vendredi, niant Dieu, sauvage, ancien intendant envoyé dans le midi par le propriétaire du parc. (un nom pour le parc). Cet oncle aura été intendant d’un noble quelconque, qui aura hérité du parc, qui n’y sera venu qu’une fois pour s’enfuir, et qui y aura envoyé un vieux serviteur. Le bonhomme a défriché un coin de terre en dehors du jardin, sur le devant. Il n’y va jamais dans le jardin, les fenêtres de Blanche [Albine] y donnent seules, etc. – Alors le bonhomme est devenu campagnard, avec son ancienne éducation. Très vieux d’ailleurs, 75 ans. Il cultive son jardin, comme Candide. »

Documents préparatoires de La Faute de l’abbé Mouret, Ms NAF 10294, f° 9.

BIOGRAPHIE

Intendant du Paradou, où l’ont installé jadis les héritiers du comte de Corbière, son frère de lait. Depuis vingt années, le vieux Jeanbernat vit loin de tout, fumant tranquillement sa pipe et regardant pousser ses légumes. C’est un solitaire couturé de rides, à la face de brique cuite, aux membres séchés et tordus comme des paquets de cordes ; il semble porter ses quatre-vingts ans avec un dédain ironique de la vie. Des milliers de livres sauvés jadis de l’incendie du château, un tas de bouquins sur ta religion, tous les philosophes du dix-huitième siècle lus et médités à loisir, ont fait de lui un matérialiste qui nie tranquillement Dieu, se désintéresse de tout et limite l’univers à ses carrés de salade.

Il a recueilli une jeune nièce, Albine, qui vit, librement lâchée à travers l’immense Paradou, et Jeanbernat laisse agir la nature, disant qu’il ne faut pas empêcher les arbres de pousser à leur gré. Sa haine contre la soutane s’exaspère au contact de frère Archangias, qui poursuit de ses anathèmes furibonds les habitants du Paradou. Le jour même où l’on enterre Albine, Jeanbernat vient exprès au cimetière pour couper une oreille à frère Archangias.

(La Faute de l’abbé Mouret)

Fermer le menu