FICHE PERSONNAGE

« 55 ans en 59, et 66 en 70. – Né en 1804. Un homme grand et fort, haut en couleur, avec de grands traits énergiques. Petits favoris grisonnants. Hâle, mais gardant son affinement bourgeois. – Il faut que j’aie l’histoire de sa terre pour établir son ascendance. […]

Incarner en Hourdequin la bourgeoisie de la terre. […]

Hourdequin doit représenter la grande culture. D’abord, jeune, arriéré, entêté à la routine de son père. Réfléchi et obstiné, c’est le fond. Plus tard, devant l’exemple de certains voisins, ayant lui-même reçu de l’instruction, il s’émeut, accepte le progrès, mais peu à peu, avec de la répugnance d’abord, et très prudemment ensuite, même devant un bon résultat. En faire en un mot la moyenne de nos grands agriculteurs : pas d’enthousiasme trop vif, beaucoup de routine d’abord, et du progrès ensuite, mais combattu par toutes sortes de circonstances, et très lent. – Le faire arriver à une certaine foi dans la science. […] À la fin, le montrer absolument désespéré, et faisant presque un retour à la routine. »

Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 64-73.

BIOGRAPHIE

Fils unique d’Isidore. Né en 1804. Commence d’exécrables études au collège de Châteaudun. La terre le passionne. À la mort de son père, il a vingt-sept ans et devient maître de la Borderie. Alexandre est pour les méthodes nouvelles, qui exigent des capitaux. Aussi, en se mariant, cherche-t-il de l’argent et non du bien. Il épouse une sœur du notaire Baillehache, qui lui apporte cinquante mille francs. Carré des épaules, large face haute en couleur, n’ayant gardé que des mains petites de son affinement de bourgeois, il aime la terre d’une passion où n’entre pas seulement l’âpre avarice du paysan ; c’est une passion sentimentale, intellectuelle presque, car cette terre, il la sent la mère commune, qui lui a donné sa vie, sa substance, et où il retournera. Il lui apporte son argent, son existence entière, ainsi qu’à une femme bonne et fertile et c’est pour la mieux féconder qu’il se lance dans les innovations, les machines que ses serviteurs détraquent, les engrais chimiques que fraude le commerce.

De grands mécomptes intimes l’ont assailli, il a vu son fils Léon s’engager, il a perdu sa femme et sa fille et s’est trouvé brusquement seul, l’avenir fermé, sans l’encouragement désormais de travailler pour sa race. Mais il reste debout, violent et autoritaire, il s’obstine devant les paysans qui ricanent de ses inventions et souhaitent la ruine de ce bourgeois assez audacieux pour tâter de leur métier. Il mène une vie large de gros homme sanguin, décidé à ne jamais rester sur ses appétits ; de tout temps, il a été un mâle despotique pour ses servantes, et l’une d’elles, Jacqueline Cognet, a fini par se l’attacher, le prenant dans sa chair, lui inspirant un besoin physique irrésistible. Mais, au-dessus de cet amour où il s’acoquine, dont il souffrira et dont il mourra, Alexandre Hourdequin garde toujours la passion de la terre, il lutte contre le libre-échange qui ruinerait les campagnes, rêve toujours d’engrais supérieurs, adopte de nouvelles machines, toute sa fortune y passe, bientôt la Borderie ne lui donnera plus de quoi manger, tant l’agriculture souffre. Maire de Rognes, il ne rencontre qu’hostilité chez les petits agriculteurs, il doit abandonner son écharpe, et il pressent la catastrophe qui terminera l’antagonisme séculaire de la petite propriété et de la grande, en les tuant toutes les deux. il meurt dans un accident provoqué par Tron, un de ses valets, amant de Jacqueline.

(La Terre)

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