FICHE PERSONNAGE

« 45 ans en 60, 61 ans en 76. – Un homme de taille moyenne, rude, carré, hâlé, cheveux roux grisonnants, la tonsure. Le cou rouge du paysan, l’encolure forte. Et à mesure qu’il vieillit, devient de plus en plus paysan. Il finit par porter une blouse, quand il cultive son jardin, et fume sa pipe en regardant la mer.

Fils de paysan entré dans les ordres pour échapper aux coups de sa famille et à la conscription. En est resté, tête dure, aux formules étroites du catholicisme. Religion de police et de bon ordre, transmettant les dogmes comme des consignes ; seulement la vie l’a usé, lui a donné sinon de la tolérance, du moins de l’indifférence. D’abord, je peux le montrer guerroyant encore contre les vilénies de ses paroissiens ; puis à la fin les lâchant : Tant pis pour eux, ils iront en enfer. Et lui continue à croire, fait son salut en égoïste. – Il ne tient plus son emploi de prêtre que comme administrateur civil.

Son mouvement est là, guerroyant encore, puis abandonnant tout. »

Documents préparatoires de La Joie de vivre, NAF 10311, f° 245-246.

BIOGRAPHIE

Curé de Bonneville. Homme trapu, à grosse encolure, cheveux roux, nuque brûlée du soleil, gros souliers. Payé à peine, sans casuel dans cette petite paroisse perdue, il mourrait de faim s’il ne faisait pousser quelques légumes. Il possède, devant l’église, sur le terrain du cimetière, un potager qu’il cultive lui-même, vêtu d’une blouse grise, chaussé de sabots et fumant une grosse pipe. L’abbé Horteur dîne tous les samedis chez Chanteau et se livre avec lui à d’interminables parties de dames.

Intelligence bornée, fils de paysans au crâne dur, il parle rarement de Dieu, l’ayant réservé pour son salut personnel et se souciant fort peu du salut des autres. Ses ouailles lui inspirent un profond mépris. Il les a menacées de l’abandon de Dieu et les malheurs qui accablent le village le laissent insensible, car il n’y voit que l’accomplissement de ses prédictions. Pratiquant lourdement sa religion, il éloigne Pauline du confessionnal par des questions et des commentaires déplacés. Dérangé un soir chez les Chanteau, il va administrer un malade, le trouve mort et revient tranquillement achever son petit verre.

(La Joie de Vivre)

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