FICHE PERSONNAGE
« 55 ans. Un monsieur, avec un bonnet grec et des pantoufles. Ancien maître d’hôtel chez le duc de Vaugelade, a accepté la loge pour faire quelque chose, mais a une petite maison dans son pays. Il est calé. N’a rien à faire, prend parfois quelqu’un pour faire le ménage. Et terrible alors (étude des domestiques qui ont une bonne). Ce sera une pauvre femme de ménage qu’il pliera à des travaux abominables avec une dureté sans pareille. – Sa férocité pour les bonnes d’en haut également, avec la querelle de lui et d’une cuisinière qui le renvoie à sa vaisselle. – Il est fils d’un paysan, mais dégrossi au service. Très bel homme, favoris corrects, figure large de diplomate, et tout à fait un monsieur quand il sort. – Il a épousé la veuve d’un huissier de son pays à vingt lieues de Paris, d’une veuve qui lui a apporté une petite maison ; mais ils n’ont pas encore assez pour vivre, il loue la maison, ils attendent d’avoir quinze cents francs de rente. Et ils comptent avec tranquillité. »
Documents préparatoires de Pot-Bouille, NAF 10321, f°275-276.
BIOGRAPHIE
Concierge de l’immeuble Vabre, rue de Choiseul. Homme digne, à longue face rasée de diplomate. C’est l’ancien valet de chambre du duc de Vaugelade, il possède une maison de campagne à Mort-la-Ville et attend d’avoir trois mille francs de rente pour s’y retirer. Coiffé d’une calotte de velours et chaussé de pantoufles bleu ciel, il est plein de dignité, surveillant la moralité de la maison, ne tolérant ni chiens, ni femmes enceintes, méprisant les gens du second qui ne fréquentent personne, mais estiment beaucoup le monsieur du troisième, un locataire à rendez-vous clandestins qui le paye bien et dont il rince les cuvettes, de son air froid de magistrat retiré. Gourd fait exécuter les gros nettoyages de la maison par une vieille femme, la mère Pérou, la traitant avec l’esprit de domination brutale, le besoin enragé de revanche des anciens domestiques qui se font servir à leur tour. Il est la terreur des bonnes, qui n’arrivent à le réduire au silence que par cette seule injure : « Va donc vider les pots de chambre de monsieur le duc ! » Il hait surtout les gens du peuple.
(Pot-Bouille)