FICHE PERSONNAGE
« La Gueule d’or. – Il a l’âge de Gervaise, 22 ans en 1850. Républicain très modéré. Un magnifique blond, du département du Nord. D’une force herculéenne. Est venu avec sa mère à Paris, après un malheur, dont ils ne parlent pas ; son père qui buvait a tué un homme en province, puis s’est tué lui-même. (Un jour il est rentré soûl, et elle lui montre son père). – Le bon ouvrier, dans toute l’acceptation du terme. Il se prend d’une passion pour Gervaise, passion muette et comme honteuse, avec des énergies refoulées. Un jour, une pensée de violence. »
Documents préparatoires de L’Assommoir, NAF 10271, f° 129.
BIOGRAPHIE
Fils de madame Goujet. Forgeron. Travaille rue Marcadet, dans une fabrique de boulons. C’est un colosse de vingt-trois ans, superbe, le visage rose, les yeux bleus ; il est d’une force herculéenne. À l’atelier, les camarades l’appellent la Gueule d’or, à cause de sa belle barbe jaune. C’est un grand enfant très poli, très sobre ; sa chair est alourdie par le dur travail du marteau ; il est dur d’intelligence, bon tout de même. Goujet, quoique républicain, a refusé de se battre au Deux Décembre, parce que les ouvriers sont las de tirer les marrons du feu pour les bourgeois, mais il a sauvé Coupeau qui avait failli se faire prendre à une barricade où il était descendu bêlement pour voir l’émeute. Attendri devant le courage et de dévouement de Gervaise, Goujet s’est pris pour elle d’une vive tendresse ; il l’aime silencieusement, passant des heures à la contempler, dans la boutique de blanchisseuse qu’elle a pu louer grâce à un prêt d’argent qu’il lui a fait.
C’est une grande affection qui remplit sa vie, le détourne d’un mariage rêvé par sa mère, et survit à la lente déchéance de Gervaise, à son écroulement dans la boue.
(L’Assommoir)