FICHE PERSONNAGE

« Une jeune fille de très vieille famille, ruinée et dégénérée. Le père et la mère sont morts, oisifs, ayant tout mangé, en gardant leur rang. Emportés à peu de distance. La fille n’a rien, pas de parents, tout s’éteint autour d’elle. Elle va tomber, tous dangers. Elle sait écrire et lire, mais guère plus. Pas assez de piano pour l’enseigner. Henriette répugne à en faire une femme de chambre. Et elle la placera. Henriette pourra la coucher en haut. Sage.

Une fille mince et pâle, pas jolie, mais très fine. L’air triste et nul. Une dégénérescence. La fin d’une race, tâchant de se rattraper au travail. Elle ne fait presque rien, se trouve mal tout de suite. On la garde par charité. De là l’amour de Joseph pour cette fille diaphane. Les contrastes. – Le peuple ramassant la race tombée. – Parallèle entre cette fin de race et les races qui commencent dans le magasin. Louise [Denise] qui s’élève avec Octave, l’autre qui descendrait. »

Documents préparatoires du Bonheur des Dames, NAF 10278, f° 172.

BIOGRAPHIE

Une orpheline, la dernière des Fontenailles, vielle noblesse du Poitou. Débarquée sur le pavé de Paris avec un père ivrogne, restée honnête dans cette infortune, d’une éducation trop rudimentaire malheureusement pour être institutrice ou donner des leçons de piano, elle est entrée au Bonheur des Dames, sur la recommandation de madame Desforges, et a été mise au service des échantillons. Deux comtesses et une baronne sont déjà casées au service de la publicité, où elles font des bandes et des enveloppes. Mademoiselle de Fontenailles boit probablement ; sa maigreur a des teintes plombées, et ses mains seules, blanches et fines, disent encore la distinction de sa race. Ayant un salaire journalier de trois francs, qui lui permet tout juste de ne pas mourir, logée en une petite chambre de la rue d’Argenteuil, elle vit dans l’hébétement de sa déchéance. Mariée au garçon de magasin Joseph, elle a obtenu par faveur un poste d’auxiliaire ; elle porte une grande blouse noire, marquée à l’épaule d’un chiffre en laine jaune, et cette ancienne marquise, recueillie par charité, promène dans les magasins son masque épais et terreux de servante.

(Au Bonheur des Dames)

Fermer le menu