Tient le bal du Bon-Joyeux. C’est une forte mère de cinquante ans, d’une rotondité de tonneau, mais d’une telle verdeur, qu’elle a encore six amoureux, un pour chaque jour de la semaine, dit-elle, et les six à la fois le dimanche. Elle appelle tous les charbonniers ses enfants, attendrie à l’idée du fleuve de bière qu’elle leur verse depuis trente années ; elle se vante aussi que pas une hercheuse ne devient grosse, sans s’être à l’avance dégourdi les jambes chez elle. Pour elle, toutes les autorités, tous les patrons, ce sont des gendarmes, un terme de mépris général, où elle enveloppe les ennemis du peuple. La veuve Désir prête sa salle de bal à des mineurs en grève et, à l’arrivée du commissaire, elle les aide à s’esquiver.
(Germinal)