FICHE PERSONNAGE
« 25 ans. – Né à Bricquebec, fils d’un petit huissier. A fait son stage à Paris. Ne payant pas de mine. Laissant tout aller, indifférent, mangeant son argent à des bêtises, en ayant peu d’ailleurs, gagnant à peine. Grand, dégingandé, blême, une longue figure, avec un grand nez ; des cheveux sans couleur, coupés ras, à cause des maux de tête.
Il entre, le même jour que Louise [Denise]. Ils se voient, se rencontrent plus tard. Il l’aimera d’un amour croissant, sans espoir. Même il peut y avoir une explication où elle lui dit qu’elle ne l’aimera jamais. – Lui a fait déjà plusieurs maisons, on le renvoie de partout. Toujours battu, la lutte pour la vie où il est vaincu. – C’est de lui dont Octave est jaloux, sans oser le renvoyer, de peur que Louise parte. – Mais à la fin, quand Louise consent, il le renvoie tout de même, et comme Louise s’excuse, il dit : « Non, ça ne fait rien, ça devait arriver.
En somme, en faire un type très charmant. – Trouver des faits typiques.
Il loge dans le même hôtel que Hutin. Amis, se fréquentant. Dans la partie de campagne, ils sont ensemble quand Louise les rencontre. (Il vaut mieux ne pas les mettre dans le même rayon, pour qu’ils ne s’en veuillent pas, et pour ne pas avoir trop de symétrie). »
Documents préparatoires du Bonheur des Dames, NAF 10278, f° 121-122.
BIOGRAPHIE
N’a jamais eu de chance ; chez lui, on le battait ; à Paris, il a toujours été un souffre-douleur. C’est un grand garçon blême et dégingandé. Après avoir débuté chez Crèvecœur, marchand de dentelles, il a été accepté comme vendeur au Bonheur des Dames, le jour même où Denise Baudu y entrait. Un lien s’est créé entre eux par la fraternité de leur situation, par leur naissance en un même coin de Normandie, et la sympathie d’Henri Deloche s’est vite transformée en un amour silencieux et résigné, auquel Denise n’a pu répondre que par une amitié loyale. Les meilleures intentions du jeune homme le trahissent ; en défendant Denise contre les abominations de Favier, il crée une légende contre elle ; par ses conversations mélancoliques dans les coins, il achève de la compromettre. Et le ridicule le poursuit partout ; au réfectoire, on se moque de son appétit excessif ; au rayon, il reste un vendeur déprécié, éternellement vaincu dans la lutte. Une cliente, madame de Boves, soustrait des dentelles, et c’est à lui qu’elle s’est adressée, devinant sa timidité et son manque de flair. Malgré Denise qui voudrait le sauver, il accepte le renvoi, s’obstinant dans sa malchance, tenant à disparaître devant le bonheur de celle qu’il aime toujours, ne voulant pas gêner les gens heureux.
(Au Bonheur des Dames)