FICHE PERSONNAGE
« 50 ans. Un gros homme gai et charitable. Un peu paysan et brusque. […] Donc carré plutôt que gros, avec les cheveux et toute la barbe, mais courte, grisonnant. Le collier de barbe, sans les moustaches. Un visage coloré, hâlé, comme celui des paysans. De gros yeux vifs, une bouche grosse et bonne, mais un nez carré et volontaire.
Médecin à Rancourt. Très bon, très charitable, et surtout très patriote, s’étant dévoué, dès le commencement de la guerre ; a prévu la nécessité des ambulances, tout en ne croyant pas que la guerre viendrait de son côté.
J’en fais le parrain de Silvine. »
Documents préparatoires de La Débâcle, NAF 10286, f° 121-122.
BIOGRAPHIE
Médecin à Rancourt, à six kilomètres de Remilly. Homme court, à la grosse tête ronde, dont le collier de barbe et les cheveux grisonnent ; sou visage coloré s’est durci, pareil à ceux des paysans, dans sa continuelle vie au grand air, toujours en marche pour le soulagement de quelque souffrance ; ses yeux vifs, son nez têtu, ses lèvres bonnes disent clairement son existence entière de brave homme charitable, un peu braque parfois, médecin sans génie, dont une longue pratique a fait un excellent guérisseur. S’intéressant aux enfants des malheureuses qu’il accouche, il a placé la petite Silvine Morange chez le père Fouchard, pour la sauver de la débauche de l’usine.
Dès le milieu d’août 1870, il a installé une ambulance dans la grande salle de la mairie de Raucourt. Le 30 août, derrière le 7e corps, en marche vers la Meuse sous la canonnade ennemie, le docteur a vu arriver les Bavarois, des hommes noirs, petits, l’air sale, avec de grosses têtes vilaines, coiffées de casques pareils à ceux de nos pompiers ; il en a vu des milliers et des milliers, arrivant de partout en colonnes serrées, le pays en a été noir tout de suite, ces hommes marchaient depuis trois jours et venaient de battre le 5e corps à Beaumont. Affamés, ils se sont jetés dans les maisons, dans les boutiques, avalant n’importe quoi, ce qui leur tombait sous la main. Chez Dalichamp, l’un d’eux, un gros, mange tout le savon ; un autre boit goulûment un litre de sirop d’opium qui le tue.
Durant l’occupation, le docteur soigne Jean Macquart chez le père Fouchard. D’un courage et d’une bonté extraordinaires, il a un cœur ardent de patriote, qui déborde de colère et de chagrin à chaque défaite ; c’est par lui qu’Henriette Weiss et Jean savent les nouvelles extérieures, les grandes batailles héroïques sous Metz, puis la trahison de Bazaine, et enfin le réveil de la province, les armées sorties du sol dans l’indomptable volonté de lutter jusqu’au dernier sou et jusqu’à la dernière goutte de sang.
(La Débâcle)