FICHE PERSONNAGE

« 25 ans. – De Rambouillet, le pays de madame Baudu. Même cousin éloigné. Fils d’un vétérinaire, qui boit tout ce qu’il gagne et qui ne s’inquiète jamais de son fils. Depuis dix ans dans la maison. Un gros travailleur qui a l’estime du patron. Il s’attend bien à épouser Geneviève, et il l’épouserait par honnêteté même si Baudu ne s’y refusait pas. « Quand j’ai épousé ma femme, la maison faisait tant ; je te donnerai ma fille, quand elle fera tant. » Et il ne veut pas risquer ses enfants, il entend rester sur la brèche. À la fin pourtant, après la mort de la femme, voir ce que deviendront Colomban et Geneviève. Pas de mariage peut-être. À trouver.

Colomban est le type du commis de l’ancien commerce. Tout le contraire du nouveau. Rusé dans l’honnêteté, le rossignol, l’art de mentir sur la marchandise. – Un instant, il faut en faire un courtier.

Au physique, un garçon lourd et madré. Châtain, face épaisse, loyale, avec des yeux de ruse. Grande bouche molle. Figure ronde. Cheveux coupés ras. Larges épaules, grosses mains et gros pieds. Toujours habillé de drap sombre. »

Documents préparatoires du Bonheur des Dames, NAF 10278, f° 154-155.

BIOGRAPHIE

Premier commis du Vieil Elbeuf, originaire de Rambouillet, comme les Hauchecorne, avec qui il a un cousinage éloigné. C’est un gros garçon de vingt-cinq ans, lourd et madré ; sa face honnête, à la grande bouche molle, a des yeux de ruse. Depuis dix ans, il trime dans la boutique et a gagné ses grades rondement, passant par les différentes étapes, petit commis, vendeur appointé, admis enfin aux confidences et aux plaisirs de la famille, le tout patiemment, dans une vie d’horloge. Baudu l’a élevé à la bonne école du commerce, il sait de quelle façon lente et sûre on arrive aux finesses. aux roueries du métier ; l’art n’est pas de vendre beaucoup, mais de vendre cher.

Dès son entrée dans la maison, Colomban a compté sur son mariage avec Geneviève Baudu ; il la regarde comme une affaire excellente et honnête ; la certitude de l’avoir l’empêche de la désirer. Et, fixé à son comptoir obscur, il vit en extase devant un rayon du Bonheur des Dames, il brûle d’amour pour Clara Prunaire, ne se doutant même pas de la torture que subit Geneviève. À mesure que le Vieil Elbeuf sombre dans la faillite, la passion de Colomban s’exaspère, muette et sournoise, le détachant chaque jour de sa fiancée, de Baudu, de tout le vieux commerce, où on l’a élevé. Lorsque la malfaisante Clara s’amuse à satisfaire son amour, il ne dit rien aux Baudu, devient le chien obéissant de cette fille et, après une lettre d’adieu, faite avec des phrases soignées d’homme qui se suicide, il disparaît, mêlant son amour d’un calcul avisé, ravi au fond de renoncer à un mariage désastreux.

(Au Bonheur des Dames)

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