FICHE PERSONNAGE

« Antoine Chaval. 25 ans, piqueur à la veine. – Un garçon blond, aux traits accentués, nez fort, bouche forte, joues coupées déjà de deux grands plis. Les yeux bleuâtres. – Barbe rouge, moustaches et bouquet au menton. Taille moyenne, gros os, roulis des épaules.

Caractère violent, ambitieux, jaloux surtout. – Besoin de domination et de jouissance. Bon ouvrier, mais brouillon et poseur. Borné, tout en se croyant un esprit large. Appétit sexuel très développé, brutal avec les femmes, sans tendresse véritable. Représente la brute dans l’ouvrier, arrivant par sa rancune et employé comme un garde-chiourme contre ses camarades. Il niera violemment, à la fin, la nécessité de changer les choses : est-ce que l’ouvrier n’arrive pas à tout, et il donnera son exemple. Montrer, au contraire, chez les autres ouvriers, le désespoir de jamais améliorer leur position. Ils disent tous qu’il n’y a aucun moyen de se hausser, d’arriver à une fortune, dans la Cie de Montsou.

Son coup de passion pour Catherine. Puis sa brutalité ensuite. Pour la grève, puis contre elle, quand il voit un moyen de faire son affaire avec les maîtres. Tout cela instinctif le plus possible, sans calcul de troisième rôle.

Devient porion à la fin et se montre très dur. »

Documents préparatoires de Germinal, NAF10308, f° 52-53.

BIOGRAPHIE

Haveur au Voreux. Est venu il y a six mois du Pas-de-Calais et habite Montsou, à l’estaminet Piquette. C’est un grand maigre de vingt-cinq ans, osseux, aux traits forts, avec un nez en bec d’aigle, des moustaches et une barbiche rouges. Dés la première rencontre, une haine d’instinct a flambé entre lui et Étienne Lantier. Pour empêcher celui-ci d’être l’amant de Catherine Maheu, il a voulu posséder cette fille non encore nubile et il ne tient à la garder, elle ne lui est chère que par hostilité jalouse contre l’autre. Quand Étienne devient l’un des maîtres du coron, Chaval est mordu d’envie ; pendant, la grève, la rage de triompher l’amène à surenchérir en demandant du sang, mais, surtout vaniteux, il abandonne la cause des camarades, il sent une chaleur d’orgueil lui monter à la face, lorsque Deneulin lui fait entrevoir un avancement rapide. Sa lâcheté le perdrait, si Catherine ne lui épargnait la mort, en se jetant au-devant des grévistes furieux. Il se venge d’ailleurs en dénonçant l’émeute aux gendarmes et en acceptant de diriger une équipe de Borains, appelés de Belgique par la Compagnie des mines de Montsou. Battu par son rival sous les yeux de Catherine, il a chassé celle-ci, mais il restera entre eux jusqu’au bout. Une dernière bataille le jette contre Etienne au fond de la mine, dans un coin de galerie où tous trois sont cernés par l’inondation ; il est tué dans la lutte, on jette son cadavre au puits, mais la crue le pousse peu à peu vers les douloureux amants, il revient entêté dans sa jalousie, empoisonnant l’air, s’acharnant jusque dans la mort à les empêcher d’être ensemble.

(Germinal)

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