FICHE PERSONNAGE
Cadine, fille d’une marchande au petit tas, placée à l’angle du pavillon, en face de la rue Montmartre. Pas de nom, tout le monde l’appelle la mère Lafolie. Maintenant épaisse, tassée, etc. Avec un grand parapluie. Demeure rue au Lard. Étrange, maigre, et les cheveux frisés, des petits yeux pointus, la lèvre de gamin, le nez mince. Un gamin.
(Documents préparatoires du Ventre de Paris, Ms NAF 10338, f° 107)
BIOGRAPHIE
Enfant recueillie à deux ans, par la mère Chantemesse, sur le trottoir de la rue Saint-Denis, au coin du marché des Innocents. Est élevée rue au Lard, en plein ventre de Paris. Futée et mince, avec un drôle de museau, sous la broussaille noire de ses cheveux crépus, Cadine est l’inséparable amie de Marjolin et grandit avec lui dans les Halles, qu’ils emplissent de leurs amours de moineaux insouciants. Pleine d’ingéniosité, à six ans elle était marchande an petit tas, à huit ans elle vendait des citrons, l’année suivante des bonnets à neuf sous, puis des gâteaux, puis du mouron. Cadine entre chez une fleuriste où elle est comme un bouquet tiède et vivant et enfin, à treize ans, elle s’établit à son compte, vendant des violettes sur un éventaire. À seize ans, c’est une fille échappée, une bohémienne noire du pavé, très gourmande, très sensuelle. Elle reste pleine d’affection pour Marjolin, même lorsqu’une chute sur la tète a rendu ce garçon tout à fait inconscient. Ils se sont liés avec Léon, l’apprenti des Quenu, et c’est, dans sa petite chambre, des bombances de charcuterie. Claude Lantier, qui admire Cadine et Marjolin, ces jeunes bêtes heureuses abandonnées à l’instinct, les appelle « ses deux brutes ».
(Le Ventre de Paris)