FICHE PERSONNAGE

« 44 ans. Grand et fort avec une figure large et un gros nez. Figure plate, gros yeux gris. D’un blond pâle, cheveux rares en mèches rebelles. Toujours mal rasé. Pas d’accent allemand. Mains larges et courtes. Toujours habillé d’une ancienne redingote très belle, mais extraordinairement râpée et maculée de taches. Cravate blanche. Pas de gants. Forts souliers. Parole lente et grasse, sans accent je l’ai dit. A le tic de fermer parfois les yeux, comme pour échapper aux autres, se recueillir, se retrouver au fond de lui.

Lui donner du comique s’il y a moyen. Comme psychologie, tout pour gagner de l’argent, et cela combattu seulement par son adoration pour son frère. Un très bon, un très dévoué frère, avec des attentions délicates de mère, nourrissant Sigismond, le soignant malade, lui tolérant même ses folies, comme il dit en parlant de ses idées socialistes. – Autrement, croyant tout permis pour gagner de l’argent, d’une dureté effroyable pour rentrer dans ses créances. Loup pour les autres, très sensible pour son cadet.

Son métier d’acheteur en a fait une sorte de policier courant Paris, connaissant tous les mondes. La peine qu’il prend pour retrouver les créances. – Il vit au dernier étage d’une maison de la rue Feydeau, faisant le coin de la rue Vivienne. Sa plaque : Contentieux. Le fouillis de son bureau, description. Tout ce qu’il vend, et le stock énorme de créances dans des cartons, des chemises, des ballots qui débordent partout.

L’araignée au centre de la toile, tenant tous les fils, reliant tous les épisodes grâce à ses achats de créances. »

Documents préparatoires de L’Argent, NAF 10268, f° 298-300.

BIOGRAPHIE

Un juif né à Nancy de parents allemands. Gros homme, large face plate, gros yeux gris, cheveux pâles tombant en mèches rares et rebelles de son crâne nu. Loge rue Feydeau, au cinquième étage, où il possède un étroit logement composé de deux pièces et d’une cuisine. Il porte toujours une cravate blanche roulée et une redingote d’occasion, anciennement superbe, mais extraordinairement râpée et maculée de taches. Son chapeau, roussi par le soleil, lavé par les averses, n’a plus d’âge. Outre l’usure et tout un commerce caché sur les bijoux et les pierres précieuses, Busch fait le trafic des valeurs dépréciées, il sert d’intermédiaire entre la petite Bourse des « Pieds-Humides » et les banqueroutiers qui ont des trous à combler dans leur bilan. Mais il s’occupe surtout de l’achat des mauvaises créances, professant que toute valeur, même la plus compromise, peut redevenir bonne ; c’est un jeu comme un autre, la chasse au débiteur, où celui qui se laisse prendre, payant pour les disparus, est mangé de frais et vidé jusqu’au sang.

La Méchain est le principal collaborateur du terrible juif ; c’est elle qui lui a apporté l’affaire Victor Saccard, grâce à laquelle Busch essayera de faire chanter le directeur de la Banque Universelle et, pour se venger de son échec, précipitera la ruine du financier par une plainte en escroquerie. Busch poursuit ses victimes à boulets rouges, il persécute le petit ménage Jordan et organise un chantage affreux contre les dames de Beauvilliers. Mais ce loup, féroce aux débiteurs, très capable de voler dix sous dans le sang d’un homme, adore son cadet Sigismond d’une passion maternelle, il le sert comme une bonne, le tolère oisif et lui défend même de travailler. Et devant le corps à peine froid de Sigismond, ce terrible mangeur d’or hurle d’une abominable souffrance.

(L’Argent)

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