FICHE PERSONNAGE

« Georges, 32 ans. – Le premier de la soie, celui que Hutin remplace à la fin. Gros gaillard réputé sur la place. Ça peut être Hutin qui l’amène pour faire partir Robineau et le remplacer : Robineau ayant dit qu’il partirait si on ne le nommait pas premier. Plus tard, Bouthemont sera renvoyé par Hutin qui lui prendra sa place. – Bouthemont doit devenir le favori de Mouret, qui le mènera chez la maîtresse du banquier ; et la cause du renvoi sera là.

Gros et gai. Brun. Beaux yeux, mais un peu commun. Noceur. Du midi, de Montpellier. Fils d’un petit marchand de nouveautés de Montpellier. Son père l’a envoyé à Paris pour apprendre la nouveauté, pour voyager, et ensuite il l’a rappelé. Mais Bouthemont qui gagne déjà beaucoup refuse. Alors le père se fâche ; et plus tard, quand le fils gagnant des 20 mille francs par an se fixe à Paris, une haine féroce se développe chez le père qui gagne moins. – Étudier cette curieuse concurrence. – Un voyage du père à Paris, courroucé et dénigrant, pourrait tout me donner. Bouthemont plaisante toujours son père sur ses cinq mille francs de bénéfice. »

Documents préparatoires du Bonheur des Dames, NAF 10278, f°116-117.

BIOGRAPHIE

Fils du marchand de nouveautés. Ayant réussi dans les soies à Paris, il a refusé de retourner auprès de son père, plaisantant la routine commerciale de la province, faisant à chaque passage sonner ses gains, qui bouleversent Montpellier. C’est un jeune homme à fortes épaules, il a une face ronde de joyeux compère, avec une barbe d’un noir d’encre et de beaux yeux marrons. Noceur, braillard, il a une amabilité un peu grosse, un rire bon enfant où il y a un amour brutal de la femme. Entré au Bonheur des Dames comme premier à la soierie, médiocre pour la vente, mais n’ayant pas son pareil pour l’achat, il jouit d’une liberté absolue, et mène son rayon comme il l’entend, pourvu que chaque année le chiffre d’affaires soit augmenté dans une proportion fixée d’avance. Pris en affection par Octave Mouret, devenu le confident du patron et d’Henriette Desforges, il sait plaire à celle-ci et, dès qu’il se sent miné au magasin, il obtient son concours pour une commandite du baron Hartmann.

Bouthemont fonde alors une superbe maison prés de l’Opéra, avec l’enseigne : Aux Quatre Saisons, rêvant une gigantesque concurrence au Bonheur des Dames. Ce bon vivant a l’idée géniale de faire bénir ses locaux par le clergé de la Madeleine, cérémonie étonnante, pompe religieuse promenée de la soierie à la ganterie. Dieu tombé dans les pantalons de femme et dans les corsets ; cette heureuse inspiration vaut un million d’annonces, tellement le coup est porté sur la clientèle mondaine. D’ailleurs, à peine ouverts depuis trois semaines, les grands magasins des Quatre Saisons sont incendiés par une explosion de gaz, pendant la nuit, les vendeuses se sauvent en chemise. l’héroïsme de Bouthemont en sauve cinq sur ses épaules, c’est une superbe réclame pour l’avenir.

(Au Bonheur des Dames)

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