FICHE PERSONNAGE

« Hilarion Pégout. Né en 1835, dix ans de moins que sa sœur ; donc 25 ans en 59 et 35 en 70. Mais infirme, les deux jambes tordues, et marchant en se tortillant. Avoir avec lui le mépris des paysans pour les infirmes. Très laid, vieux précocement. Une tête ravagée de crétin. Un bec de lièvre qui le gêne pour parler et qui le fait saliver. Méchant avec cela, aigri parce que les gamins le taquinent, et qu’il ne peut les attraper avec ses mauvaises jambes. – Impropre à tout travail. On finit par lui faire sonner la cloche, quand on retire le clocher à Bécu. On peut lui chercher une autre besogne qui ne marche pas.

Le bouffon du village, salivant, bégayant, tortillant ; et sa sœur un jour l’arrachant des mains d’une bande, et devenant terrible, elle qui est si douce et si tremblante d’habitude. C’est une façon de les poser tous les deux. »

Documents préparatoires de La Terre, NAF 10329, f° 44-45.

BIOGRAPHIE

Second enfant de Vincent Bouteroue. Petit-fils de Marianne Fouan (la Grande). Celle-ci n’a jamais pardonné le mariage de sa fille et laisse Hilarion et Palmyre, ses petits-enfants, crever de faim sans vouloir qu’on lui rappelle leur existence. D’une hideur bestiale de crétin, bancal, la bouche tordue par un bec-de-lièvre, l’air caduc pour ses vingt-quatre ans, Hilarion est si bête que personne ne veut le faire travailler. Les gamins le persécutent. Il n’a d’autre soutien que sa sœur Palmyre, véritable mère qui le défend, le nourrit et se dévoue jusqu’à l’inceste. Doué d’une grande force musculaire dont il n’a même pas conscience, cet innocent, cet infirme se gorge d’eau-de-vie, vole sa sœur, la bat, devient franchement mauvais. Palmyre morte, il vit de la charité publique et est enfin recueilli par la terrible Grande, intéressée à exploiter cette brute solide, capable des plus durs travaux et qui a peur d’elle, la regardant en animal battu, épouvanté et soumis. Mais un jour, frémissant sous les corvées trop rudes, les membres raidis par des chaleurs de sang, Hilarion se révolte, son aplatissement se change en une rage de mâle n’ayant conscience ni de la parenté, ni de l’âge, à peine du sexe, il se jette sur l’aïeule pour la violer et est abattu par elle, d’un violent coup de cognée au crâne.

(La Terre)

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