FICHE PERSONNAGE
« 30 ans. – Était vendeur chez Les Hédouin en même temps qu’Octave. Ancien premier à la toile. L’homme chiffre, très intelligent et très actif, plus sérieux qu’Octave et ayant semblé devoir faire son affaire mieux que lui, qui a des fuites, d’apparentes faiblesses ; mais n’a pas son coup de génie, son audace, sa grâce triomphante (étude du succès). Bourdoncle s’est d’ailleurs incliné devant Octave, s’est fait son lieutenant obéissant, et cela sans lutte, dès la première heure. – A mis tout son argent dans l’affaire, devient plus tard associé un des premiers. Type du vendeur entré au pair dans une maison, et qui y fait son affaire peu à peu.
Il est donc l’homme sévère. Se trouve chargé des renvois. S’occupe de la publicité. – Garçon d’ailleurs. Pas de femme ou du moins n’en affiche pas. Aucun rapport avec les vendeuses, pour lesquelles il se montre indifférent ou très dur. Le contraire d’Octave. Lui représente le commerce moderne dans ses chiffres, et non dans sa passion ; et c’est ce qui le rend inférieur à Octave. Son rôle paraît devoir se borner à cette attitude ; pourtant, on pourra voir à le finir logiquement. Il sera l’ennemi de Denise, c’est lui qui l’aura renvoyée sur un faux rapport de l’inspecteur, et plus tard il s’en expliquera avec Octave, puis courbera le dos.
Né à Limoges. Père cultivateur assez pauvre. S’est fait lui-même. Au physique : maigre et assez grand. Figure correcte avec les lèvres minces. Nez pointu, œil gris clair. Brun, châtain : cheveux peignés correctement, collier de barbe et moustaches, toute la barbe, pas longue. Des touffes blanches de bonne heure. Froid et très poli. »
Documents préparatoires du Bonheur des Dames, NAF 10278 , f° 114-115.
BIOGRAPHIE
Un des intéressés du Bonheur des Dames. Jeune homme grand et maigre, aux lèvres minces, au nez pointu, très correct d’ailleurs, avec ses cheveux lisses, où des mèches grises se montrent déjà. C’est le fils d’un fermier pauvre des environs de Limoges. Il a débuté jadis au Bonheur en même temps qu’Octave Mouret. Très intelligent, très actif, il semblait devoir supplanter aisément son camarade, moins sérieux, mais il n’apportait pas le coup de génie de ce Provençal passionné. Par un instinct d’homme sage, il s’est incliné devant lui, obéissant, et cela, sans lutte, dès le commencement. Un des premiers, il a suivi le conseil de Mouret en mettant de l’argent dans la maison, et peu à peu il est devenu un des lieutenants du patron, le plus cher et le plus écouté ; parmi les intéressés, c’est lui qui est chargé de la surveillance générale. Mouret, qui tient à sa réputation d’homme aimable, lui confie volontiers les exécutions ; au temps de la morte-saison, Bourdoncle est célèbre par ses « passez à la caisse », qui tombent comme un coup de hache et déciment les rayons.
Très différent du maître, il fait profession de haïr les femmes, ayant au dehors des rencontres dont il ne parle pas, tant elles tiennent peu de place dans sa vie, et se contentant au magasin d’exploiter les clientes, avec un grand mépris pour leur frivolité à se ruiner en chiffons imbéciles. Net, logique, sans passion, sans chute possible, il ne comprend pas le côté fille du succès, Paris se donnant dans un baiser, au plus hardi. Les femmes se vengeront en la personne du Denise Baudu, qu’il a toujours persécutée et qui saura triompher par la seule vertu de sa douceur et de sa grâce, inspirant ainsi à l’impitoyable Bourdoncle la terreur sacrée de la femme.
(Au Bonheur des Dames)