FICHE PERSONNAGE
« 18 ans. – Un diminutif de la mère, plus petite, plus pâle, plus muette, plus résignée. Les cheveux rares et pâles. La blancheur pauvre, la décoloration et la débilité d’une fleur poussée dans une cave. La dégénérescence d’une race. Elle sait qu’elle doit épouser Colomban, selon les habitudes de la maison. Ces amours réglées d’avance, sans un désir, sans un rêve. »
Documents préparatoires du Bonheur des Dames, NAF 10278, f° 153.
BIOGRAPHIE
Fille de Baudu et d’Élisabeth Hauchecorne. En elle, la dégénérescence de sa mère s’est encore aggravée. Elle a la débilité et la décoloration d’une plante poussée à l’ombre. Pourtant, des cheveux noirs magnifiques, épais et lourds, venus comme par miracle dans cette chair pauvre, lui donnent un charme triste. Encore enfant, elle a été promise au commis Colomban. Elle s’est accoutumée à l’aimer, avec la gravité de sa nature contenue, et d’une passion profonde qu’elle ignore elle-même, dans son existence plate et réglée de tous les jours ; au fond de ce rez-de-chaussée du vieux Paris, sa tendresse a poussé comme une fleur de cave. Geneviève a deviné la cruelle indifférence de Colomban qu’hypnotise le Bonheur des Dames ; l’amour du commis pour une vendeuse lui fend le cœur ; c’est une sourde agonie où son corps de fiancée s’use dans le chagrin et dans l’attente, retournant à l’enfance grêle des premiers ans. Et elle meurt épuisée, première victime du grand magasin d’Octave Mouret.
(Au Bonheur des Dames)