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En 1898, en pleine affaire Dreyfus, Ferdinand Chastanet, administrateur au Théâtre Antoine, commence la rédaction d’un Dictionnaire des Personnages des Rougon-Macquart. Dans son esprit il s’agit moins d’un travail littéraire, que d’une forme de soutien à celui qui a dû se réfugier en Angleterre afin d’échapper à la peine de prison pour diffamation que lui avait valu son retentissant article J’accuse.
Chastanet ne destinait initialement son ouvrage qu’au seul Zola. Mais l’éditeur Fasquelle, à qui il avait remis le manuscrit, le publia en 1901, sans nom d’auteur, dans la collection Bibliothèque Charpentier qui avait accueilli les autres volumes de la série.
Seule une courte préface, signée “F.-C. Ramond”, précédait ce Dictionnaire. Chastanet avait choisi comme pseudonyme le nom de l’assistant du docteur Pascal dans le dernier roman du cycle. C’est à Ramond que Pascal voulait que soient transmis après sa mort les dossiers de sa grande étude sur l’hérédité. Mais Félicité Rougon, qui craignait que leur contenu ne jette une lumière trop crue sur la famille, les brûla avant qu’il puisse en prendre possession.
En 2019, nous avons repris le travail de Ferdinand Chastanet, en complétant son Dictionnaire à l’aide des fiches personnages qu’avait rédigées Zola, inaccessibles à l’époque, et en l’ornant d’illustrations contemporaines de l’œuvre.
Plus largement, nous avons voulu bâtir un guide des Rougon-Macquart.
Les fiches sur les romans permettent de mesurer pour chacun d’eux quelles étaient les intentions de Zola, la manière dont il leur a donné forme, et la façon dont l’œuvre a été reçue. Le résumé qui accompagne chaque fiche est construit uniquement avec ses mots.
Zola est l’un des premiers écrivains à s’être interrogé formellement sur la manière de représenter la réalité. Un petit dictionnaire regroupe les idées littéraires qu’il a exprimées dans ses articles et ses volumes théoriques. Il permet également d’apprécier la manière dont il a mises en œuvre.
Un écrivain étant aussi une personne, n’en déplaise à Flaubert, quelques portraits et autoportraits tentent de le cerner.
C’est un dossier – un magasin de documents aurait dit Zola – que nous livrons, volontairement limité à son époque, et sans filtre interprétatif.
Afin que chacun puisse se ménager un chemin dans cette œuvre immense.
jb.guinot